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Article sur la pêche

Soies plongeantes à la traîne, hérésie efficace!

Soies plongeantes à la traîne, hérésie efficace!


Voici des pièces d’équipement très pratiques et efficaces pour lemoucheur qui ne dédaigne pas la pêche à la traîne.


En discutant avec des confrères moucheurs, la plupart de ces derniers ont été d’accord pour constater comme moi une diminution, sinon une disparition progressive d’activités concentrées d’insectes éphémères au cours des dernières décennies sur nos plans d’eau québécois. Malgré mes fréquentes excursions de pêche dans différentes destinations, je déplore le fait qu’il y a belle lurette que je n’ai pas assisté au genre d’événement qui fait monter le taux d’adrénaline d’un moucheur, soit de vraies périodes d’émergences concentrées d’insectes subimago ou des nuées crépusculaires de vols nuptiaux d’insectes adultes de cet ordre, alors que la surface du plan d’eau bouillonne littéralement sous les gobages de truites.


Adaptation nécessaire

Je ne saurais dire à quoi est réellement due l’apparente disparition progressive des populations d’insectes éphémères de nos plans d’eau, et dans ma perception cela ne constitue pas qu’un simple regret d’un temps passé, mais indique aussi et surtout la nécessité pour un moucheur de s’adapter le mieux possible à la situation actuelle, car les truites, elles, semblent en avoir tiré leur parti. En somme, je veux dire que même si je considère toujours la délicate présentation d’une mouche sèche bien choisie en présence de truites «gobeuses» comme le summum du plaisir de pêche à la mouche, je ne peux que constater que de telles possibilités deviennent rares, du moins face à des truites de taille que je qualifie de «photogénique».


Le plus souvent, en l’absence de telles activités concentrées et massives d’insectes aquatiques, la tranche d’individus de taille supérieure d’une population de truites préfère se nourrir de façon sécuritaire et sans trop d’efforts sur des proies différentes à proximité de son niveau de tenue préférentiel. Donc, même si lors de mes voyages je dispose toujours de moulinets avec soies flottantes, portefeuille de bas de lignes fuselés et boîtes de délicates mouches sèches, il me faut le plus souvent recourir à des approches alternatives et moins classiques pour réussir à bien tirer mon épingle du jeu. Parmi ces approches qui m’ont apporté d’excellents résultats, se retrouve en tête de liste l’adaptation de l’attirail de pêche à la mouche à la pêche à la traîne, et ce, à plus grandes profondeurs que celles auxquelles les moucheurs pensent généralement.

Et ce n’est pas d’hier que j’ai amorcé cette adaptation. J’ai sous les yeux un article que j’ai signé dans le numéro de mai 1988 de ce magazine (il y a plus de 30 ans!) et qui était intitulé «Le système PALMEP». Cet acronyme représentait évidemment les premières lettres des mots Pêche À La Mouche En Profondeur, et le concept proposait de remplacer la soie standard par des sections de longueurs prédéterminées de ligne plombée pour pêcher à la traîne à différentes profondeurs avec canne et moulinet de pêche à la mouche (figure ci-dessous).



Comme la canne à mouche et la ligne à noyau de plomb représentent deux éléments de concepts diamétralement opposés, la suggestion du système PALMEP représentait ni plus ni moins qu’une hérésie apparente. Pourtant, l’objectif demeurait de pouvoir jouir de la sensation de contact direct avec le poisson que permet l’équipement de pêche à la mouche, ceci combiné à la sensation de «combat manuel» procurée par l’utilisation d’un moulinet de pêche à la mouche à action simple, tout en permettant de présenter une artificielle à des niveaux plus propices que ceux habituellement visés par la pêche à la mouche traditionnelle. Et je peux vous assurer que ce système artisanal s’est avéré très efficace pour moi et pour les quelques compagnons qui à ma connaissance l’ont mis en application.


Les alternatives

Bien sûr, il existe depuis longtemps de véritables soies plongeantes en pleine longueur (90 pi) et de conformations standard, mais elles ont à mon avis le désavantage d’être assez désagréables et laborieuses à utiliser au lancer, alors que leur pleine longueur présente selon moi une trop grande traction dans l’eau pour permettre une pêche à la traîne à la fois efficace et agréable.


Il existe pourtant bien du matériel commercial de pêche à la mouche au lancer permettant d’atteindre rapidement un niveau de profondeur supérieur, mais que nous voyons très rarement ici au Québec. En fait, ce sont surtout les adeptes qui oeuvrent sur des rivières côtières de l’ouest canadien accueillant des montaisons de saumons du Pacifique et de truites steelhead qui ont popularisé ce type d’équipement et les techniques de pêche adaptées. Je parle ici de l’utilisation de soies torpilles plongeantes!

Portant le nom anglais de Sinking Shooting Heads, ces types de soies représentent l’équivalent de la seule portion de tête d’une soie plongeante à fuseau avancé (weight forward), en version raccourcie (30 pi de longueur) et densifiée, et à laquelle on a retiré la portion arrière de ligne courante (voir figure 2 ci-dessous). Dans ce cas, le fond de la bobine du moulinet comporte plutôt une très fine ligne de réserve, à l’avant de laquelle est reliée la courte soie torpille constituant le poids d’entraînement lors de la projection du lancer.



Avec seulement les 30 pi de la soie torpille et une courte portion de ligne de réserve sortis au bout du scion de la canne, il est facile pour le moucheur d’effectuer seulement un ou deux faux lancers avant d’effectuer la projection vers la cible. Pour favoriser la distance, la très légère et fine ligne de réserve crée un minium de friction de sortie dans les anneaux-guides de la canne et permet une propulsion de la soie de tête à la façon d’une «torpille». En plus de la possibilité d’atteindre de très longues distances de lancer, ces soies torpilles sont disponibles en différentes densités leur permettant de plonger rapidement à différents niveaux de la colonne d’eau.


Bien sûr, cette catégorie de lignes de grande densité et à poids totalement concentré à l’avant exige une bonne adaptation de la technique de lancer, ce qui explique peut-être la rareté des adeptes qui se servent de cette catégorie de soies pour pêcher au lancer ici au Québec. Cependant, grâce à leur courte longueur minimisant la traction dans l’eau et leur bonne capacité de plongée, ces mêmes soies torpilles offrent une sérieuse alternative d’utilisation efficace à la pêche à la traîne dans nos lacs québécois. En fait, je serais tenté de dire qu’il s’agit d’un genre de mise à jour moderne de mon système PALMEP mis au point il y a 30 ans.


Choix éclairé



La compagnie américaine Scientific Anglers est une de celles qui offrent le plus large choix de cette catégorie de soies, les compagnies Guideline, Rio et Airflo étant aussi actives dans ce domaine. Il faut dire que les soies torpilles existent en version flottante aussi bien que plongeante, mais les premières ont moins d’utilité dans le cas qui nous occupe. Dans le cas des soies plongeantes, il est d’usage d’en désigner le type selon leur taux de plongée, celui-ci pouvant aller de 1 po/s jusqu’à 10 po/s (pouces de plongée par seconde d’immersion).


Ainsi, les soies torpilles Sinking Shooting Taper de Scientific Anglers se présentent toutes en longueur de 30 pi et elles sont offertes en type I jusqu’au type VI, avec des taux de plongée allant de 1,25 à 8 po/s. Pour les besoins de lancers, les types I à III conviennent aux cannes à mouche nos 6 à 10, tandis que les types IV et VI conviennent aux cannes nos 6 à 11 (voir tableau de spécifications ci-dessous).



Dans la même catégorie de soies torpilles plongeantes, Scientific Anglers propose aussi ses Deep Water Express Shooting Head, en poids de 400 à 850 grains et permettant des taux de plongée de 7 à plus de 10 po/s. Je connais certains pêcheurs qui utilisent une telle soie de 850 grains pour présenter une artificielle à des profondeurs approchant 20 pi en traîne lente, ceci alors que cette «torpille» plongeante d’à peine 30 pi de longueur est simplement retenue par une longueur supplémentaire de fine ligne de réserve, le tout présentant peu de traction dans l’eau.


Parlant de ligne de réserve, les moucheurs de la côte-ouest qui utilisent les soies torpilles au lancer favorisent habituellement l’utilisation de monofilament (idéalement plat) qui présente plus de corps, a moins tendance à s’emmêler et qui coulisse avec moins de friction dans les anneaux-guides de la canne lors des lancers. Par contre, en situation de pêche à la traîne, ces caractéristiques ont moins d’importance et on a avantage à remplacer le monofilament par un fil tressé, comme le traditionnel Dacron, qui ne présente aucune élongation. Dans ce cas, je fais des marques de crayon feutre sur le Dacron à intervalles de 30 pi, de façon à pouvoir tenir compte de la longueur totale de ligne sortie dans l’eau. Il serait aussi possible et avantageux d’utiliser comme ligne de réserve un fil tressé du genre Sufix Performance Fuse Color Metered, dont la couleur change à chaque longueur de 25 pi.


Montage et offrandes

Comme il ne s’agit pas nécessairement d’obtenir un équilibre parfait entre le poids de la soie et la puissance de la canne pour un bon chargement en prévision des lancers, une canne no 7-8 convient quand même bien à l’utilisation de l’une ou l’autre de ces soies torpilles pour la pêche à la traîne, même si ces dernières sont désignées pour soies no 10 ou 11.


Pour ce qui est du moulinet, l’idéal serait de disposer d’un modèle à bobine ajourée et à large moyeu (large arbor), afin d’augmenter la vitesse de rentrée de grandes longueurs de ligne de réserve. Il serait aussi souhaitable de choisir un modèle offrant la disponibilité de bobines interchangeables supplémentaires, ce dernier facteur permettant des changements à volonté de bobines contenant des soies torpilles présentant des taux de plongée différents.



Par exemple, un système complet pourrait compter une soie Sinking Shooting Taper de type III de taille ST8S, une autre de type VI de taille ST9S et une dernière de type Deep Water Express Shooting Head de 850 grains. Ces trois soies torpilles permettraient respectivement des taux de plongée de 3 po/s, 7 po/s et 10 po/s, de quoi offrir la possibilité de présenter, au choix, une artificielle à environ 4-5, 10-12 ou près de 20 pi de profondeur en pêche à la traîne.


Personnellement, je relie de façon permanente l’extrémité avant de la ligne de réserve à l’extrémité arrière de la soie torpille par un nœud du clou assuré par une couche de super colle, mais il serait aussi possible d’effectuer cette jonction par des nœuds à boucle de monofilament (voir figure ci-dessous) installés sur chacun des deux types de lignes, les deux boucles étant ensuite enfilées l’une dans l’autre. Cette façon de faire permettrait de conserver les trois soies torpilles dans un portefeuille séparé et d’en faire l’échange au besoin à l’extrémité de la ligne de réserve par un désassemblage et un réassemblage de la jonction boucle à boucle, et ce, sans avoir à changer de bobine.



À l’extrémité avant de la soie torpille, j’installe personnellement le connecteur spécial à boucle en fil tressé fourni avec la soie (la documentation incluse explique la procédure d’installation). Une simple jonction boucle à boucle me permet ainsi d’ajouter (et de changer à volonté) un bas de ligne en fluorocarbone, mes bas de lignes ayant généralement une longueur de 5 à 7 pi.


En ce qui concerne les offrandes, les possibilités sont multiples et vont des nymphes artificielles aux différents modèles de streamers, en passant même par les imitations de nymphes, d’écrevisses ou de petits menés en plastique souple odoriférant. Un Woolly Bugger avec quelques brins de Crystal Flash insérés dans la queue de marabout représente une préférence personnelle qui m’a maintes fois prouvé son efficacité pour la truite mouchetée.


Malheureusement, ces types de soies torpilles ne semblent pas très répandus dans les boutiques québécoises d’articles de pêche à la mouche. Bien sûr, il vaut quand même la peine de s’informer de cette disponibilité chez les marchands spécialisés, mais il se peut que l’on doive les commander par internet aux États-Unis. Il s’agirait alors d’entrer les désignations de soies torpilles mentionnées ci-dessus comme mots-clés dans un moteur de recherche comme Google pour déterminer les possibilités de sites de commandes.

Et pourquoi pas la truite grise?


Les soies torpilles dont il est question ici peuvent très bien aussi s’avérer efficaces pour pêcher le touladi, de la période qui suit immédiatement le départ des glaces jusqu’au moment où la stratification thermique de l’eau chasse ce poisson à profondeurs un peu trop grandes.



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