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Résoudre l’énigme de l’omble de fontaine hivernal

Résoudre l’énigme de l’omble de fontaine hivernal

Gord Ellis
1 mars 2022

Quelques stratégies efficaces afin de berner la mouchetée sous le couvert glacé.

Je regardais attentivement mon trou dans la glace et je voyais ma Williams Ice Jig danser dans un mouvement vertical cadencé. L’eau était claire comme du cristal, je pouvais facilement observer ce qui se passait dans plus de 10 pieds de profondeur. Le substrat était composé de sable et de roches, et mon trou était situé juste au-dessus d’une cassure vers les profondeurs.

Au moment où j’ai levé ma cuillère au-dessus du fond du lac, un omble de fontaine est apparu, l’a attaquée, mais a manqué son coup. C’était une belle pièce et mon cœur a sauté un battement ! J’ai continué à dandiner ma cuillère en espérant qu’elle reviendrait, mais après une minute ou deux, je me disais qu’elle devait être partie. Pourtant non ! Comme les ombles de fontaine le font souvent, le poisson est demeuré près de son repas, a réaligné son attaque et cette fois, l’a réussie.

Après le ferrage, le fil qui sortait de mon moulinet le faisait chanter. J’ai immédiatement abaissé ma canne à pêche en faisant en sorte que le fil touche le moins possible au pourtour du trou. Le frein faisait son travail en gardant une tension constante sur le poisson qui se rapprochait tranquillement de la surface glacée. Lorsque j’ai aperçu sa large tête près du trou, je l’ai pris sous les branchies et l’ai sorti rapidement hors de l’eau. C’était un poisson gigantesque et très large arborant de belles couleurs foncées. Après quelques photos d’usage, le gros omble de fontaine est retourné nager dans cette eau si froide.

Le sentiment d’accomplissement de la capture de truites mouchetées de belle taille en hiver est difficile à battre. Voici quelques conseils qui vous permettraient de solutionner l’énigme de l’omble de fontaine hivernal.

Où vivent ces ombles de fontaine ?

Les mouchetées sont des poissons qui affectionnent les eaux peu profondes des rives des plans d’eau où elles évoluent. Ceci est vrai pour les quatre saisons de l’année, mais encore plus en hiver. La raison est simple : c’est à cet endroit que leur nourriture se cache. Tous ces troncs d’arbres morts, ces huttes de castor abandonnées, ces structures rocheuses en abondance fournissent des sites sécuritaires où les proies des mouchetées vont se terrer.

La liste du menu potentiel est longue : des poissons fourrage, des insectes aquatiques, des sangsues, des escargots, des amphibiens et j’en passe. En fait, il n’y a pas grand-chose qu’une truite mouchetée n’essaiera pas de gober au passage. Ces poissons nagent calmement le long des berges d’un lac, espérant croiser quelque chose à se mettre sous la dent. Ce ne sont cependant pas toutes les rives qui ont le même potentiel de pêche à la mouchetée l’hiver. Voici certains éléments à prendre en considération lorsque vous arrivez sur une nouvelle étendue d’eau.

Certains indices visuels vous aideront à faire un choix éclairé de l’endroit le plus approprié où vous percerez vos trous. Les pointes, les arbres tombés, les huttes de castors ainsi que les charges et les décharges sont généralement productifs. Ce n’est pas toujours facile de repérer ces éléments à l’œil nu l’hiver venu, alors allez jeter un coup d’œil sur Google Earth ou sur une carte bathymétrique avant votre partie de pêche.

Il y a quelques années, mon père et moi étions en train de pêcher sur un lac contenant de l’omble de fontaine ensemencé. Comme nous n’avions rien capturé depuis notre arrivée, nous sommes embarqués sur nos motoneiges afin de faire le tour du plan d’eau. Nous avons alors remarqué ce qui semblait être la charge du lac. Effectivement, lorsque nous avons commencé à marcher sur la neige, nous nous sommes enfoncés légèrement car il y avait de la gadoue, signe de la présence de courant.

N’osant pas nous approcher trop près de ce secteur, nous avons percé des trous près des motoneiges, en cherchant des profondeurs entre quatre et cinq pieds et en alignant les trous directement avec l’entrée d’eau. Une fois la bonne profondeur trouvée, nous nous sommes préparés à pêcher. Pendant que je plaçais une brimbale appâtée, mon père pêchait déjà avec un Rapala Jigging Rap aux couleurs firetiger. En l’espace d’un instant, un poisson a attaqué son offrande et après un beau combat, il a capturé un bel omble de fontaine.

« C’est en plein ce que nous cherchions », a-t-il dit en tenant le magnifique spécimen aux flancs rougeâtres. Nous n’avons capturé que quatre truites dans cet endroit, mais elles étaient toutes de belle taille et aucune ne nageait dans plus de cinq pieds de profondeur. Un des poissons que je combattais est allé se cacher dans une branche sous l’eau et je l’ai perdu. C’est une possibilité bien réelle lorsque l’on cible les truites près des berges.

Des secteurs à privilégier

D’un autre côté, les ombles de fontaine qui sont dans ces secteurs se trouvent habituellement en mode « nourriture » et n’hésitent pas à attaquer vos présentations. C’est la raison principale pour laquelle j’aime être en mouvement lorsque je pêche les contours d’un lac. Lorsque vous arrivez dans un nouveau secteur, percez une douzaine de trous à différentes distances de la rive. Avant de pêcher, testez les profondeurs de chacun de ces trous. Tous les endroits qui possèdent une profondeur entre quatre et cinq pieds (il m’est déjà arrivé de capturer de la mouchetée dans trois pieds, mais c’est plus rare) méritent d’être explorés. Si vous trouvez des poissons dans ces zones, ils seront preneurs. 

D’autres secteurs à privilégier seraient les pointes principales des lacs. Bien entendu, ces structures ne sont pas toujours présentes sur tous les plans d’eau contenant de la truite mouchetée, mais gardez en tête qu’il devrait y avoir du poisson aux alentours de ces pointes. Un grand nombre de ces salmonidés ont l’habitude de nager au-dessus des pointes sous-marines. De plus, ils ont tendance à s’agglutiner d’un côté ou de l’autre de la pointe, selon le courant et leur garde-manger. C’est que les poissons fourrage du secteur se rassemblent près de cette structure, attirant du même coup les prédateurs. 

Personnellement, je perce la glace autour de ces structures à toutes les profondeurs. On peut alors installer une brimbale appâtée dans une zone peu profonde et aller travailler les autres profondeurs avec une canne à dandiner, en changeant de trou toutes les cinq minutes. Les ombles de fontaine hivernaux feront sentir leur présence rapidement au bout de votre canne lorsque vous leur présenterez un leurre, c’est pourquoi je crois qu’il faut essayer plusieurs trous à diverses profondeurs dans un court laps de temps afin de les dénicher. 

L’omble de fontaine est un poisson qui demeure actif l’hiver durant et quelques-uns des plus beaux spécimens peuvent être capturés sous la glace.

Trouver le garde-manger

Malgré tout, il arrive que les truites mouchetées ne réagissent pas du tout comme prévu. Je l’ai appris justement il y a une dizaine d’années lorsque je pêchais l’omble de fontaine avec mon père dans des profondeurs inhabituelles. Le lac où nous étions affichait des abysses allant jusqu’à 60 pieds. Nos expériences passées nous dictaient de cibler les berges, c’est pourquoi nous capturions occasionnellement des poissons dans 10 pieds d’eau ou moins.

Nous pêchions autour d’une pointe et j’ai percé une tonne de trous partant de la rive jusqu’au bout de la pointe. Les brimbales appâtées se situaient en eau peu profonde et tous les autres accès aux profondeurs étaient libres, sans brimbales. Mon père et moi marchions donc d’un trou à l’autre, dandinant verticalement nos cuillères. La pêche était lente, alors j’ai décidé d’ajouter un morceau de ver de terre au bout de ma cuillère Hopkins Spoon de 1/4 oz tout en allant cibler le trou le plus éloigné de tous.

Mon échosondeur de type flasher m’a alors indiqué que je pêchais dans une profondeur de 26 pieds et je voyais que, près du fond, un banc de poissons fourrage était présent. Intéressant… Ma cuillère a chuté vers le fond et après peu de temps, j’avais déjà l’impression d’avoir accroché mon leurre dans un obstacle quelconque. J’ai essayé de lever ma canne, mais c’était peine perdue, mon leurre ne bougeait pas. Tout à coup, j’ai senti ma cuillère se déplacer. Lorsque je me suis mis à récupérer nerveusement le fil, je me suis rendu compte que le mécanisme de mon moulinet était gelé, alors j’ai dû remonter mon fil à la main.

Mais pas seulement mon fil… Le leurre n’était pas prisonnier finalement, c’était une énorme truite mouchetée qui avait doucement attaqué mon offrande et qui tenait le fond. Heureusement pour moi, ce poisson semblait être aussi surpris que moi d’avoir été ferré, alors je l’ai sorti de l’eau sans encombre. C’était un superbe spécimen à la robe très foncée et à la bedaine bien grasse. Cet omble de fontaine des profondeurs était rempli d’environ une douzaine de ciscos de lac, la plupart ayant la longueur d’un cigare. L’omble de fontaine avait trouvé le garde-manger idéal pour satisfaire son appétit et de ce fait, il ne vivait pas avec les autres poissons des alentours. C’est bien de suivre la logique à la pêche, mais parfois, il très payant de sortir des sentiers battus.

Techniques 

Je me fie sur plusieurs techniques afin d’obtenir du succès à la pêche blanche pour l’omble de fontaine. Celle que j’utilise le plus souvent est de dandiner verticalement un leurre qui, à lui seul, émet des vibrations, nage de façon aguichante et reflète la lumière. Les cuillères comme les Hopkins Smoothie, Rattle Snakie, Northland Buckshot, Williams Whitefish ainsi que Little Cleo remplissent toutes ce mandat à merveille. Les cuillères attirent ces salmonidés depuis la nuit des temps, et ce, même lorsque rien ne semble fonctionner. 

Le poids de la cuillère variera selon la profondeur à laquelle vous ciblez vos mouchetées ainsi que la taille de ces dernières. Comme je l’ai indiqué précédemment, vous pouvez ajouter un appât (comme un bout de ver de terre) au bout de l’hameçon sous la cuillère. Ce n’est pas une nécessité, mais dans certaines situations, ça peut sauver la mise. Une autre option de leurre un peu plus subtil serait une dandinette de petit format au corps poilu, auquel vous pouvez ajouter un appât ou non, selon vos préférences. Un tel leurre en poils de chevreuil ou en marabout affichant des couleurs comme le rouge, l’orange ou le jaune serait un bon choix.

Un autre leurre très efficace est le Jigging Shad Rap de Rapala. Je l’utilise principalement en eau peu profonde et cette imitation de poisson fourrage tourne, glisse et danse d’une façon peu commune. Plusieurs couleurs sont disponibles pour pallier toute éventualité, l’argenté ainsi que l’imitation de perchaude étant en haut de la liste, mais le firetiger occupe aussi une place importante dans mon coffre de pêche. Les ombles de fontaine de bonne taille attaquent vigoureusement ces leurres. Comme pour les cuillères, il m’arrive de placer un bout de ver de terre sur l’hameçon triple de mon offrande. 

Bien entendu, je dois aussi vous parler de l’efficacité d’un appât seul, sans artifice. J’ai attrapé plusieurs poissons sur une ligne morte appâtée suspendue à une brimbale ou tout simplement sur un hameçon noué à une canne à pêche immobile. Dans ce cas-ci, placez un plomb pincé sur votre fil afin de faire plonger le ver. Vous pouvez aussi ajouter un peu d’action à la présentation en enfilant le ver de terre sur une tête de dandinette. 

Il m’arrive fréquemment de placer ma canne dans un porte-canne à balancier tout en desserrant le frein du moulinet au maximum. Dans un scénario d’attaque de truite mouchetée, le poisson prend l’appât dans sa gueule et nage plus loin. Lorsque ça arrive, le bout de la canne, qui pointait alors vers le haut, balancera vers l’avant en pointant vers le trou. La ligne sortira ensuite de la bobine de façon très fluide sans que le poisson ressente de tension. Lorsque je remarque que ce manège est commencé, je prends la canne en main, resserre le frein, ferre le poisson et le combat commence. Il existe aussi une vaste gamme de porte-cannes pour la pêche blanche, et certains ferrent même à votre place !

Conclusion

L’omble de fontaine est un poisson qui demeure actif l’hiver durant et quelques-uns des plus beaux spécimens peuvent être capturés sous la glace. N’hésitez pas à sortir cet hiver et à aller sonder les plans d’eau du Québec qui offrent cette opportunité de pêche afin de dénicher ces superbes mouchetées.

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