Techniques pour déterminer les meilleurs secteurs de pêche
À partir de son expérience, de nombreuses observations du comportement et des habitudes de ces ésocidés, l’auteur nous révèle certaines astuces qui nous aideront à les dénicher et à les capturer de façon régulière, même sur les grands plans d’eau.
Vous aimez la pêche au brochet ? Vous aimeriez vous mettre à les pêcher en hiver mais vous ne savez pas comment les localiser ?… Dans cette optique, je viens ici vous faire partager quelques trucs pour vous aider à réaliser de belles captures de brochet cet hiver sur la glace.
Localiser une espèce de poisson consiste à comprendre quels sont ses principaux besoins biologiques (température préférentielle, localisation de ses proies favorites, type d’environnement). Concernant le brochet, dans un premier temps, sa température préférentielle se situe entre 15 et 18 ºC (60 et 65 ºF). Par conséquent, comme de nombreuses autres espèces de poissons, en hiver son métabolisme est relativement au ralenti et il va privilégier les secteurs où il n’aura pas à lutter contre le courant pour conserver son énergie, tout en restant proche du garde-manger !
Comme durant la saison estivale, le brochet apprécie également la présence d’herbiers. Ces zones herbeuses servent de support de nourriture pour différentes espèces de poissons fourrage dont le brochet se nourrit et celui-ci s’en sert aussi pour se dissimuler et augmenter ses chances de surprendre ses proies. Pour avoir une présence d’herbiers, il faut que ces derniers puissent capter l’énergie solaire afin d’effectuer leur photosynthèse. Si l’eau est trouble, la lumière aura plus de mal à passer et les herbiers vont se retrouver dans des zones peu profondes, alors que si l’eau est plus claire, on pourra les retrouver à de plus grandes profondeurs.
Avant votre journée de pêche
À partir de ces indices, vous pouvez commencer à chercher des secteurs propices depuis le confort de votre foyer. Avec des outils bathymétriques comme Navionics, vous pouvez commencer par rechercher les zones peu profondes du plan d’eau que vous prévoyez pêcher. Navionics peut aussi vous renseigner sur la proximité de zones profondes contiguës à ces plateaux herbeux qui sont favorables à la présence de beaux spécimens. Néanmoins, Navionics trouve ses limites rapidement, car les eaux peu profondes sont souvent mal détaillées et ne correspondent pas à la réalité, à moins de disposer des images satellitaires superposables qui sont payantes via l’application.
Pour ma part, j’utilise beaucoup les images satellitaires gratuites de type Google Map, Plan, etc., qui nous offrent d’autres types de renseignements. Google Earth permet aussi d’obtenir des images satellites à différents moments de l’année pour trouver celles qui vous renseignent le mieux, notamment sur la localisation précise des herbiers.
Sur le fleuve, les grandes baies et les bras morts sont tout indiqués, comme en période estivale d’ailleurs. Les zones protégées par des structures artificielles, comme des quais enrochés ou des marinas, sont aussi de belles zones où les brochets peuvent se protéger du courant. Grâce à l’imagerie satellitaire, vous allez aussi pouvoir apercevoir les herbiers qui sont visibles comme des taches plus sombres. Observez bien aussi les alentours de tels secteurs ; si c’est une des seules zones protégées du courant à plusieurs kilomètres à la ronde, il y a fort à parier que vous y trouverez des brochets en bonne quantité, car ils n’ont pas le choix de s’y concentrer.
En lac, la notion de courant n’entre plus en jeu. Cherchez les baies et les plateaux herbeux qui sont de véritables aimants à brochets. Les bordures des îles aussi sont propices et peuvent se révéler vraiment profitables. Plus tard en saison, lorsque la neige commence à fondre, les ruisseaux envoient de l’eau plus chaude dans les lacs et les embouchures de ces derniers peuvent devenir extrêmement intéressantes. Néanmoins, soyez prudent sur la glace et vérifiez-en l’épaisseur avant de vous y aventurer, car ce sont les premiers endroits du lac qui vont commencer à dégeler. Si le débit du ruisseau demeure important en hiver, il se peut également que ce secteur ne gèle pas du tout.
Quelle profondeur ?
Sur le fleuve en début de saison, lorsque la glace est mince, les brochets n’hésitent pas à s’aventurer dans de très faibles profondeurs d’eau. Je parle ici des zones du fleuve où l’eau est turbide et chargée en sédiments. En effet, ces eaux plus opaques ne permettent pas le passage de la lumière et ni la croissance des végétaux au-delà de 6 ou 7 pi de profondeur. De nombreuses espèces de poissons fourrage trouvent encore de la nourriture parmi la végétation, et on y observe souvent des brochets dans seulement 3 ou 4 pi d’eau, parfois moins. Plus la saison avance, plus les brochets vont se décaler vers les zones un peu plus profondes (environ 10 pi). En effet, la glace étant de plus en plus épaisse et atteignant plus de 3 pi à certains endroits, les zones peu profondes productives en début de saison sont désormais presque complètement gelées.
En lac, ou dans les secteurs où l’eau est plus claire, la lumière peut pénétrer plus profondément dans la colonne d’eau et permettre ainsi le développement des herbiers à des profondeurs plus importantes (12 pi, parfois plus). On devrait donc cibler ces zones herbeuses plus profondes (entre 8 et 15 pi environ), dépendamment du plan d’eau.
Préparation du matériel
Bien que ce ne soit pas le sujet principal de l’article, je crois nécessaire d’ajouter ici un petit mot sur le matériel. J’aime bien utiliser des brimbales de type « Tip-up » avec le moulinet immergé. Il en existe différents modèles, mais pour ma part j’aime particulièrement les modèles en forme de disque. D’une part, ces modèles empêchent la bobine de geler, vu qu’elle est immergée, et d’autre part, le disque protège le trou du gel exigeant ainsi moins de maintenance.
Par ailleurs, étant donné que je pêche la plupart du temps dans des secteurs dépourvus de courant, je monte directement mon bas de ligne en acier avec un émerillon que je relie à la tresse de ma bobine, sans utiliser de plomb. Le poisson appât mort va ainsi pouvoir descendre à la profondeur désirée, à la verticale du trou, grâce à son propre poids. On peut ajouter aussi des palettes tournantes à notre bas de ligne pour augmenter l’effet visuel. Avec ce type de brimbale, je peux pêcher en suspension en plaçant par exemple ma présentation juste au-dessus d’un tapis d’herbier pour que l’appât soit bien visible.
Choisir l’emplacement de vos brimbales
Le grand jour est arrivé, vous avez trouvé un nouveau secteur accessible prometteur et vous êtes rendu sur place. Il est temps maintenant d’affiner votre plan de match en déterminant avec précision le placement de vos brimbales. Muni de votre cellulaire, vous pouvez ouvrir l’application Google Map (ou Plan, ou autre) pour avoir accès à l’image satellitaire (d’ailleurs, vous pouvez même alterner entre les différentes applications proposant des images satellites différentes). Grâce à la localisation GPS intégrée à votre cellulaire, vous allez pouvoir affiner un peu plus votre recherche.
Par exemple, vous allez possiblement trouver des trouées dans les herbiers correspondant à des secteurs un peu plus profonds qui sont des lieux de passage privilégiés des poissons et permettant à vos offrandes d’être par ailleurs plus visibles. Il est à noter que, bien évidemment, il est préférable d’avoir un cellulaire récent pour avoir une bonne géolocalisation. Dans le meilleur des cas, la précision sera de 5 à 10 mètres environ, il est donc préférable de confirmer le positionnement avec un sonar, ou encore mieux, avec une caméra sous-marine.
Ces équipements électroniques vont pouvoir vous renseigner sur le type d’herbier présent, sa hauteur, ou simplement sur son absence. Par exemple, il m’est arrivé une fois d’installer toutes mes brimbales dans un nouveau secteur, puis après un passage caméra, de me rendre compte que les herbiers étaient tous disparus avec le courant et que je pêchais sur un fond uniforme sablonneux, moins propice pour le brochet. Cette journée-là, la caméra nous a permis de changer de secteur et de trouver finalement une meilleure zone.
Une fois l’emplacement choisi, à l’aide de votre sonar vous allez pouvoir placer votre appât à la profondeur désirée. Si le secteur est dégagé, dans une trouée d’herbiers par exemple, j’aime bien placer mon offrande dans la zone entre un pied du fond et un pied de la surface. En effet, l’angle de vision des brochets étant situé au-dessus de leur tête, je préfère placer mes présentations un peu plus haut que trop rapprochées du fond. Dans le même ordre d’idées, en présence d’herbiers, placez vos appâts environ un pied au-dessus de ces derniers.
Brochets sédentaires, brochets nomades
Sur le fleuve, j’ai pu observer que certains brochets ont tendance à devenir très sédentaires en hiver. Plus la saison avance et plus ces poissons deviennent maigrichons, car ils ont tendance à avoir du mal à trouver des espèces de poissons riches en gras pour les faire tenir en hiver. Plus tard en saison, ces brochets vont demeurer dans les fonds de baie jusqu’au printemps.
Par contre, j’ai pu aussi remarquer qu’une autre catégorie de brochets semble plus nomade et parcourt un secteur beaucoup plus grand. Généralement, on les retrouve plus au niveau des entrées de baies. Je pense pour ma part que ces derniers voyagent sur les différentes entrées de baies de leur secteur jusqu’à trouver des proies intéressantes. Une zone profonde (20 pi et plus) à proximité d’une baie peut aussi permettre à ces poissons de voyager entre une baie et la zone profonde pour y trouver les proies les plus intéressantes d’un point de vue énergétique (plus riches en gras). C’est pourquoi j’aime toujours mettre des brimbales dans les entrées de baie, parfois dans les contre-courants.
Déplacez vos brimbales si vous n’avez pas de touches
Une fois installés, si vous voyez que certaines de vos brimbales n’ont jamais été visitées par les brochets, n’hésitez pas à les replacer dans une autre zone. Bien souvent, dans des secteurs confinés les brochets vont se tenir dans des endroits bien précis et ne seront pas trop mobiles… Donc à vous de les débusquer ! Par ailleurs, n’ayez pas peur de les effrayer en creusant des trous, car il m’est arrivé plusieurs fois de prendre des poissons peu après avoir déposé ma brimbale. N’oubliez pas que les poissons peuvent aussi être curieux !
Pour illustrer mes propos, je vous présente ici trois exemples de cas qui pourront vous aider à trouver des secteurs similaires dans votre plan d’eau.
Secteur 1
Ce secteur est composé d’une petite baie isolée à l’abri du courant, la profondeur moyenne dans le chenal étant d’une quinzaine de pieds. Côté ouest, il y a une entrée de baie avec un petit canal qui semble intéressant à prospecter. Dans cette situation, je placerais une brimbale dans le contre-courant et d’autres plus dans le canal à l’abri du courant. Une petite île protège du courant une autre zone vers l’est. À l’aide de mon cellulaire et/ou de mon sonar (aussi possible avec une caméra sous-marine), j’essaierais de me positionner le plus proche des lignes d’herbiers. Une autre zone de contre-courant à l’est de l’île serait aussi à explorer.
Secteur 2
Ce secteur est à l’abri du courant principal et on y distingue des massifs d’herbiers denses qui sont bien visibles. En observant bien, on voit également des portions plus sombres qui correspondent à d’autres types d’herbiers plus en profondeur. Les herbiers sont peut-être morts pour la plupart, mais proposent des zones de cachettes et de nourriture pour les proies et les prédateurs. Pour le placement des brimbales, en début de saison on devrait se concentrer sur les zones de faible profondeur d’eau (3-4 pi) un peu plus vers le fond de la baie. Les brimbales seraient alors disposées dans les espaces libres situés entres les massifs d’herbiers. Si on trouve des couloirs dans la végétation, ceux-ci peuvent aussi être des lieux de passage pour le poisson. Plus tard en saison, lorsque la glace a épaissi, on devrait pouvoir décaler les brimbales vers un secteur plus profond. En observant bien, on voit une ligne plus claire qui correspond à un petit canal à travers les herbiers qui semble également intéressant à exploiter.
Secteur 3
Secteur avec très peu ou pas de courant, et une eau très claire. Après un passage de caméra, on observe que les herbiers sont encore verts et composés de potamots qui couvrent tout le fond de la baie sur une hauteur d’environ deux pieds. Le potamot est un véritable aimant à prédateurs et sa densité permet aux brochets de se cacher efficacement, tout en leur permettant de bien se mouvoir pour attaquer leurs proies. On devrait alors disposer nos brimbales dans différentes hauteurs d’eau comprises entre un pied au-dessus du potamot et un pied en dessous de la surface. On devrait tâcher de couvrir un peu toute la baie et pouvoir s’ajuster en fonction des touches.
La pêche au brochet en hiver est une entreprise relativement facile et qui peut s’avérer très productive.
Conclusion
Votre poisson appât est placé avec précision dans une zone qui, je l’espère pour vous, sera productive ! Et avant de vous lancer, renseignez-vous sur la réglementation concernant le plan d’eau convoité pour savoir s’il est autorisé d’y pêcher avec des menés morts, pour connaître le nombre de brimbales autorisées par pêcheur ou encore la limite autorisée de brochets à être prélevés. Toutes ces informations se trouvent sur le site du Ministère.
La pêche au brochet en hiver est une entreprise relativement facile et qui peut s’avérer très productive. C’est aussi un bon moment pour amener la relève sur la glace et lui donner la piqûre ! Si vous voulez garder les brochets pour votre consommation, pensez également à préserver la ressource et remettez à l’eau ceux qui n’ont pas été trop abîmés lors de ces journées fastes ; la nature vous en remerciera !