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Article sur la pêche

Myriophylle à épis : une bataille sous-marine

Myriophylle à épis : une bataille sous-marine

Grâce à des techniques sous-marines plus performantes de bâchage et d'arrachage, les biologistes et plongeurs réussissent à ralentir la progression du myriophylle à épis. Le combat contre cette plante envahissante aquatique est toutefois semé d’embûches.

De plante d’aquarium à plante envahissante

Avec sa longue tige et ses feuilles en plumes, le myriophylle à épis semble bien inoffensif lorsqu’on l’observe sous l’eau. À une époque pas si lointaine, on le retrouvait même dans nos aquariums domestiques, où la végétation exotique servait de décoration.

L’ennemi se reproduit à vitesse grand V

Cette plante vasculaire proviendrait d’Asie et aurait été introduite dans nos milieux aquatiques par les vidanges de ballasts des navires et par les rejets d'eau d’aquariums domestiques.

Ce qui la rend encore plus coriace, c'est qu’elle se reproduit très facilement et de manière fulgurante. En se fragmentant en boutures, le myriophylle va générer d’autres herbiers, qui vont rapidement envahir le fond des plans d’eau.


Le biologiste Claude Lavoie est l’expert des plantes envahissantes au Québec.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ


"On ne l'éradiquera jamais. Donc on est pris avec cette espèce-là pour plusieurs décennies, pour ne pas dire plusieurs siècles."

Claude Lavoie, biologiste et professeur, Université Laval

La plante envahissante perturbe la biodiversité des plans d’eau où elle se propage, en livrant une féroce compétition à ses voisines indigènes pour ses nutriments et la lumière. Selon le biologiste Claude Lavoie, qui observe et analyse le myriophylle à épis depuis près de 15 ans, aucune étude sérieuse n’a encore permis de démontrer qu’il représente une menace pour la santé humaine.


Des herbiers de myriophylle à épis sur le lac Boivin, à Granby.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ


Toutefois, il devient un cauchemar pour les riverains et les plaisanciers habitués à profiter des plans d’eau. La présence du myriophylle à épis peut aussi entraîner une dévaluation de certaines propriétés aux abords de lacs ou de cours d’eau infestés par la plante exotique.

Claude Lavoie nous le rappelle, le myriophylle, ce n’est pas juste un problème biologique. C'est un problème qui a une dimension à la fois sociologique, économique et politique.

Contrôler le myriophylle avec des toiles synthétiques


Au lac des Abénaquis, le moyen utilisé pour mater l’envahisseur, c’est le bâchage synthétique, qu’on appelle aussi Aquascreen.

PHOTO : RADIO-CANADA / CLAUDE BELLEMARE

Pour ralentir la progression du myriophylle à épis, une des techniques utilisées est le bâchage avec des toiles synthétiques de type Aquascreen.

Au lac des Abénaquis, en Beauce, les riverains ont opté pour cette solution, combinée avec de l’arrachage manuel muni d’un aspirateur sous-marin.

En juin 2020, Vincent Gagné, étudiant en maîtrise, et son équipe ont installé 160 toiles sur l'ensemble des herbiers du lac.


Deux plongeurs déroulent une toile synthétique au fond d’un lac.

PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-CLAUDE VACHON


Pour y arriver, deux plongeurs déroulent la toile et la fixent au fond du lac en couvrant les herbiers de myriophylle pour stopper leur croissance. Je trouve que c'est une toile qui se manipule bien. Elle est particulièrement petite, donc un plongeur seul peut la transporter sous l'eau, explique Vincent Gagné.


La toile de jute écrase les herbiers.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE MAINVILLE


L’objectif de son projet de recherche : réduire de 95 % les zones infestées par le myriophylle dans les eaux du lac. Une bataille de longue haleine.


À la fin du mois d'août, toutes les toiles synthétiques sont retirées du fond du lac des Abénaquis, en Beauce.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ


À la fin de l’été, les toiles synthétiques ont été retirées et nettoyées. Après quatre ans d’interventions, les résultats sont encourageants. On assiste à un recul des herbiers dans le lac.

En 2016, la plante envahissante couvrait 36 000 mètres carrés au lac des Abénaquis. À l’automne 2020, les zones infestées étaient réduites à 9000 mètres carrés. Le quart de ce qu’elles étaient quatre ans plus tôt.


Au lac des Abénaquis, en Beauce, Vincent Gagné et son équipe utilisent le bâchage synthétique pour mater le myriophylle à épis.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ


"L’année prochaine ou l'année d'après, nous devrions atteindre un seuil de contamination relativement acceptable. Et encore là, nous devrons continuer à surveiller l'apparition de nouveaux herbiers pour maintenir ce seuil."
Vincent Gagné, étudiant-chercheur, Université Laval

L’Estrie, un foyer actif du myriophylle à épis


L’Estrie est l’une des régions au Québec les plus contaminées par le myriophylle à épis.

PHOTO : RADIO-CANADA / CLAUDE BELLEMARE


En Estrie, 50 % des lacs seraient touchés par le myriophylle à épis.

Au lac Brompton, les superficies d'herbiers peuvent même dépasser les 10 000 mètres carrés. Les riverains et les trois municipalités concernées ont déboursé plus de 320 000 $ en trois ans pour lutter contre la progression de l’envahisseur.


Les plongeurs installent d'immenses toiles de jute dans le fond d'un lac.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE MAINVILLE

En raison de la grande superficie du lac, le biologiste et plongeur Jean-François Martel a privilégié le bâchage avec d'immenses toiles de jute. On est vraiment mieux d'y aller avec le jute, qui va se biodégrader dans le fond du lac, tandis que la toile synthétique, il faut la retirer du lac après quelques mois et la nettoyer. Ça fait beaucoup de manipulations, et donc, plusieurs heures de plongée.

Les plongeurs vont arracher les plantes de façon manuelle, mais vont utiliser l'aspiriophylle pour remonter les fragments.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE MAINVILLE

Sous l’eau, les plongeurs combinent eux aussi les interventions de bâchage au jute avec l’arrachage manuel et l’aspirateur sous-marin.



Tous les fragments de myriophylle qui sont retirés des plans d’eau sont envoyés au dépotoir, car ils sont considérés comme étant de la matière contaminée.

PHOTO : RADIO-CANADA


Les tonnes de fragments qui sont retirées du lac chaque été sont ensuite envoyées à l'enfouissement, une exigence du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).


Jean-François Martel, biologiste pour la coopérative RAPPEL, aide les associations de riverains à lutter contre le myriophylle à épis en Estrie.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ

"Ce serait compostable, mais c'est considéré comme de la matière contaminée, alors on réduit ainsi les risques de contamination dans un autre plan d'eau."
Jean-François Martel, biologiste et plongeur, coop RAPPEL

Jean-François Martel est satisfait du bilan de ses opérations sous-marines au lac Brompton. Le bâchage avec les toiles de jute, combiné à l’arrachage manuel avec aspiriophylle, ont permis de réduire d’au moins 75 % les zones infestées par le myriophylle à épis.

"Nous sommes rendus à croire que dans les deux à trois prochaines années, nous pourrons faire du contrôle de façon efficace. Mais on ne peut parler d'éradication. Avec le myriophylle, il peut toujours y avoir une recolonisation!"
Jean-François Martel, biologiste et plongeur, coop RAPPEL


Les différentes embarcations qui sillonnent nos cours d’eau seraient les principaux responsables de la propagation du myriophylle d'un lac à l'autre.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ


Au Québec, ce sont près de 200 lacs qui sont envahis par le myriophylle à épis. Les polluants agricoles favorisent cette propagation en stimulant la croissance de la plante, précise Claude Lavoie. Ils viennent enrichir nos rivières et nos lacs en azote et en phosphore, ce qui va contribuer à amplifier le problème.

En plus de la pollution agricole, les nombreuses embarcations qui naviguent d’un lac à l’autre sont également montrées du doigt comme agent de contamination.

Infestation en milieu protégé


Situé au cœur du mont Saint-Hilaire, le lac Hertel commence à être envahi par le myriophylle à épis.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ


L’envahisseur ne se limite pas aux lacs de villégiature. Il s’attaque aussi aux plans d’eau protégés, comme le lac Hertel, situé au cœur du mont Saint-Hilaire. La particularité du lac Hertel, c’est qu’il fait partie de la Réserve naturelle Gault de l'Université McGill, un sanctuaire reconnu par l'UNESCO.

Depuis près de 50 ans, les activités aquatiques comme la baignade, la navigation ou la pêche sont interdites aux visiteurs. Malgré tout, le lac a lui aussi été envahi par le myriophylle à épis.


On constate que l'infestation de myriophylle à épis est importante au lac Hertel.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ

La biologiste Hélène Godmaire travaille fréquemment avec les chercheurs de l’Université McGill, qui gèrent le lac Hertel et le milieu naturel qui l’entoure.

Pendant l'été 2020, elle a pu observer des centaines de fragments de myriophylle échoués sur les rives du lac. S’il n’y a pas de fermes autour du lac et aucune embarcation, alors comment expliquer cette infestation?


La biologiste Hélène Godmaire soupçonne les oiseaux migrateurs d’avoir transporté des fragments de myriophylle à épis dans le lac Hertel.

PHOTO : RADIO-CANADA


La biologiste soupçonne les oiseaux migrateurs.


"Ces oiseaux font aussi de courtes distances. Ici au lac Hertel, on est assez près de la rivière Richelieu, où l’on retrouve du myriophylle à épis. Les oiseaux migrateurs pourraient transporter jusqu’ici des fragments de myriophylle."

Hélène Godmaire, biologiste Conseil québécois des espèces exotiques envahissantes (CQEEE)


En marchant sur la rive du lac Hertel, la biologiste Hélène Godmaire a trouvé beaucoup de fragments de myriophylle à épis.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIER GAGNÉ

Mais pour plusieurs chercheurs, la dissémination du myriophylle par les oiseaux serait marginale par rapport à celle provoquée par les humains.


Depuis plus de 40 ans, le lac Hertel fait partie de la Réserve naturelle Gault de l'Université McGill. Un sanctuaire reconnu par l'UNESCO.

PHOTO : RADIO-CANADA / CLAUDE BELLEMARE


En attendant les premiers rapports scientifiques pour expliquer cette invasion dans les eaux du lac Hertel, Hélène Godmaire va proposer un mode d’intervention pour la combattre, et ce sera le bâchage avec des toiles synthétiques.

Un défi : viser l’équilibre des écosystèmes


Les associations de riverains du lac Brompton ont mandaté Jean-François Martel et son équipe de plongeurs pour combattre l’indésirable.

PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE MAINVILLE


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