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Article sur la pêche

Et si on laissait les rivières être des rivières?

Et si on laissait les rivières être des rivières?

Les inondations et l’érosion suscitent des préoccupations parce qu’elles ont des conséquences sur les populations riveraines. Or, ces phénomènes, s’ils peuvent être aggravés par l’activité humaine, sont à la base naturels et utiles. De plus, les stratégies mises en place pour tenter de les maîtriser ne sont pas sans incidence sur les milieux de vie aquatiques. Et si on tentait de revenir vers des rivières plus naturelles ? Deux chercheurs qui participeront le 6 mai prochain au 15e colloque sur les risques naturels au Québec du congrès annuel de l’Acfas nous parlent de leurs travaux.

Comment les rivières évoluent-elles au fil des décennies en Gaspésie ? Pour le savoir, Maxime Maltais, agent de recherche au Laboratoire de géomorphologie et dynamique fluviale de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), s’est penché sur une quinzaine de bassins versants.

« Nous avons environ une photo par décennie depuis les années 1960 pour définir les trajectoires hydrogéomorphologiques, c’est-à-dire comment la rivière a évolué dans le temps selon certains indicateurs, comme la largeur, la sinuosité, le nombre de chenaux secondaires, etc. », note-t-il.

Par exemple, il a observé une augmentation de la sinuosité dans les dernières décennies. « Au début du XXe siècle, il y avait beaucoup de draves, alors on avait tendance à linéariser les cours d’eau pour faciliter le transport des billots, explique-t-il. Mais, depuis les années 1970, comme on a limité ce type d’intervention dans les rivières, elles ont tendance à reprendre leur sinuosité. C’est leur dynamique naturelle, mais à échelle humaine, cela peut être perçu comme une augmentation de l’érosion. »

Les sédiments sous surveillance

Le projet de recherche s’est également penché sur la trajectoire de la connectivité hydrosédimentaire, soit le potentiel que de l’eau ou des sédiments du bassin versant se retrouvent dans le chenal. « Des outils basés sur le relief existent pour faire cette quantification, mais nous avons aussi utilisé des données du couvert forestier, indique M. Maltais. On a vu que dans la forte majorité des bassins versants, le niveau de connectivité avait augmenté depuis les années 1970avec l’augmentation des perturbations forestières qui inclut les coupes, les épidémies et les feux. »

Le déplacement des sédiments n’est pas anodin. « Nous sommes dans un milieu où les sédiments sont plutôt grossiers et, si on a une accumulation dans le chenal qui perdure dans le temps, on se retrouve avec une surélévation du niveau du lit et donc, avec une diminution de la profondeur d’eau potentielle et une augmentation des superficies inondées, explique M. Maltais. Des chenaux secondaires peuvent ainsi se former et à terme, être amenés à devenir le chenal principal. Ce phénomène s’est souvent produit dans les rivières de la Gaspésie. »

L’équipe de recherche travaille maintenant à faire le pont entre ses données sur la connectivité hydrosédimentaire et les trajectoires hydrogéomorphologiques. « Nous voulons pouvoir mieux planifier les coupes forestières, par exemple, pour en limiter l’effet sur le déplacement des sédiments », indique le chercheur.

Moins de saumons dans les rivières

Les sédiments intéressent également Maxime Boivin, professeur en géographie et hydrogéomorphologie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). « Le projet a commencé parce qu’on voyait un déclin de l’habitat du saumon dans les rivières du Saguenay, explique-t-il. La situation était pire dans les rivières du côté ouest, comme dans la Rivière-à-Mars et Petit Saguenay, que de l’autre côté de la rivière Saguenay, comme dans la rivière Sainte-Marguerite. »

Et ce ne serait pas un hasard. Les aménagements anthropiques ont été nombreux du côté ouest à la suite du déluge du Saguenay, en 1996.

« Des bureaux de reconstruction ont été installés dans la région pour réduire la largeur des cours d’eau, explique M. Boivin. Plusieurs enrochements ont aussi été faits pour stabiliser les cours d’eau, donc pour bloquer l’érosion des berges. Mais, si l’érosion est perçue négativement, elle est essentielle pour créer un équilibre dans la rivière entre la quantité d’eau et de sédiments. »

À chaque crue, une quantité de sédiments est déplacée dans la rivière de l’amont vers l’aval. « Or, s’il n’y a pas d’érosion pour venir remplacer les sédiments, on se retrouve en déficit », précise-t-il.

À l’époque, ces aménagements anthropiques ont été réalisés dans l’urgence et avec les connaissances du moment. « Depuis quelques années, toutes les notions d’hydrogéomorphologie commencent à “percoler” vers les ministères, les MRC, et les firmes d’ingénierie, remarque le chercheur. La notion d’espace de liberté, soit l’espace nécessaire au cours d’eau pour migrer latéralement, commence à faire des petits. »

L’équipe de Maxime Boivin travaille notamment avec l’organisme à but non lucratif Contact Nature Rivière-à-Mars pour arriver à une renaturalisation du cours d’eau. « Nous proposons de retirer une partie des enrochements pour laisser se produire les inondations naturelles dans les secteurs où ce ne serait pas problématique, donc où il n’y a pas de routes ou de résidences à proximité, explique-t-il. Cette restauration des processus est plus durable que la restauration des formes, qui consiste par exemple à restaurer une frayère après chaque crue en remettant du gravier. »

Cette démarche doit toutefois se faire avec la population locale, qui a vécu des traumatismes lors du déluge du Saguenay. « L’enrochement a été vendu à l’époque comme étant la solution salvatrice, alors il faut s’assurer que la population est prête à aller de l’avant avec notre proposition, affirme M. Boivin. Nous collaborons aussi avec la Ville de Saguenay et les ministères. Si tout va bien, les travaux pourraient commencer en 2023-2024. »

Source texte, article et photo : Le Devoir 

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