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Article sur la chasse

Le rodage d’un canon neuf de carabine

Le rodage d’un canon neuf de carabine
À l'instar d'un moteur, le canon d'une carabine neuve a avantage à profiter d'une période de rodage. Cette procédure semble très peu connue des chasseurs mais s'avère pourtant primordiale pour soutirer toute la précision d'une arme. Voici comment y arriver.

Combien de fois ai-je eu l'occasion de voir arriver au champ de tir des chasseurs qui venaient de faire l'acquisition d'une arme et qui s'en donnaient à coeur joie avec des tirs répétés, sans avoir nettoyé ni même dégraissé le canon de leur carabine? Ces nemrods ne se doutent pas que cette façon de faire constitue un important handicap de départ pour la précision de leur arme. Je tenterai donc, dans les lignes qui suivent, de mieux faire comprendre pourquoi on doit roder une carabine neuve et en quoi consiste cette procédure.


Méme sans entrer dans les détails, il faut prendre conscience que la fabrication d'un canon est très complexe et qu'elle représente un élément majeur pour la précision de l'arme. L’âme d'un canon sortant de la manufacture comporte certaines irrégularités (aussi minimes soient-elles) causées par les outils d'usinage. Que ce soit le bouton qui embosse ou taille les rayures spiralées dans l'âme du canon ou l’alésoir qui a percé la chambre pour recevoir la cartouche, ces outils mécanisés laissent des traces de leur passage.



Pour le tireur, l'importance de bien «starter» le canon, comme on dit dans le jargon, entre maintenant en ligne de compte. En utilisant des produits régulièrement disponibles dans le commerce avant et entre chacun des premiers coups tirés, il est possible d'adoucir les arêtes tranchantes de ces marques d'usinage. Ainsi, les tirs subséquents provoqueront moins d'accumulation de saletés et de résidus dans le canon, et en particulier de particules de cuivre arrachées à la chemise de la balle lors de son passage sous pression dans le canon. En effet, cette accumulation est la principale responsable de la perte de précision.

En fait, ces résidus s'amassent surtout au début des rayures, juste après la chambre, à cause des rebords de rayures très coupants d'un canon neuf. Si on ne s'en préoccupe pas, ces accumulations de cuivre incrusté peuvent atteindre des épaisseurs de près de 0,001 po réparties de façon inégale sur les arêtes et dans les rayures du canon. Vous pouvez aisément imaginer que ces arêtes «engraissées» devront encaver les balles subséquentes plus profondément lors de leur passage dans le canon et qu'il en résultera une inégalité d'emprise des rayures sur ces balles, d'où l'effet néfaste sur la précision.

Il est donc très important de nettoyer à fond un canon neuf avant même de tirer un premier coup, afin d'enlever tout résidu de la graisse appliquée en usine pour protéger l'arme de la corrosion. Le programme de rodage suppose aussi un nettoyage en profondeur après chacun des 10 premiers coups environ, de façon à enlever tout résidu du canon avant le tir suivant. En fait. c'est le passage de chaque balle dans l'âme tout à fait propre du canon qui en effectuera le «polissage» à répétition au cours de ces 10 premiers coups.

Après un tel traitement d'adoucissement (nommé «Iapping» dans le jargon), le canon sera beaucoup moins susceptible de retenir les résidus et saletés, et les nettoyages d'entretien subséquents seront grandement facilités. En plus, ceci permettra à votre arme de livrer sa précision optimale grâce â une restriction moindre du passage des balles.

Je vois déjâ plusieurs chasseurs froncer les sourcils en entendant parler d'un nettoyage avant chacun des 10 premiers coups, certains n'ayant l'habitude de nettoyer leur carabine qu'une fois par année ou moins, tandis que d'autres ne l'ont jamais nettoyée â fond de leur viel À ceux-là je dis que leur carabine a possiblement perdu la plus grande partie de sa valeur, car l'âme du canon d'une carabine ainsi négligée est certainement dans un piteux état de corrosion et d'incrustation de résidus de cuivre et de combustion qui ne pourra probablement plus être corrigé.

Je vous suggère donc de prendre votre courage â deux mains (ce n'est pas si exigeant ni compliqué) et de me suivre dans la démarche que je vous propose. Après tout, l'argent que vous avez investi dans cette carabine vaut bien les quelques efforts que cette démarche suppose.


L'équipement

Selon moi l'accessoire le plus important, que ce soit pour l'entre¬tien normal ou pour le rodage d'un canon de carabine, est la tige de nettoyage. N'utilisez jamais ces fragiles baguettes d'aluminium, car ce métal est mou et flexible et ceci vous causera sans doute de sérieux problèmes. Par exemple, la tige pourrait plier sous l'ef¬fort et frotter durement contre les parois internes du canon, ou encore s'imprégner de minuscules débris qui y causeraient des égratignures. La tige devrait être en acier inoxydable, très rigide et autant que possible d'une seule pièce pour annuler le risque qu'elle se brise dans le canon lors de l'usage (ce qui serait néfaste pour celui-ci). Elle devrait aussi, bien sûr, être de longueur suffisante pour passer d'un bout à l'autre du canon.

Pour ma part, j'utilise une baguette pourvue d'une gaine de nylon afin d'éviter tout contact métal contre métal dans l'âme du canon. Il est important de bien l'essuyer avant usage afin de ne pas insérer de résidus potentiellement abrasifs dans le canon. Vous devriez également toujours utiliser un tube-guide appelé «bore guide» qui s'introduit â la place du verrou, de façon que la tige de nettoyage passe à l'intérieur et soit bien alignée dans l'âme du canon, toujours pour éviter les contacts avec celle-ci. Ce guide a un autre rôle important, soit empêcher les saletés d'être réintroduites dans la chambre ou dans le mécanisme de détente lors des passes de nettoyage.

Les brosses de bronze-phosphore devraient être choisies selon le calibre. Même s'il n'y a pas d'indication précise sur leur diamètre, assurez-vous que votre brosse ne soit ni trop grosse ni trop petite; elle devra passer dans le canon de façon modérément serrée afin que ses fibres puissent atteindre les moindres recoins des rayures. On emploie un alliage de bronze et de phosphore parce que les fibres sont ainsi plus dures que les résidus de cuivre de balle, mais plus molles que l'acier du canon; pour cette raison, n'utilisez jamais de brosse d'acier.


Vous aurez aussi besoin d'embouts â pointe pour tenir vos tampons en place au bout de la baguette, et ils devront aussi être soigneusement choisis selon le calibre. Ainsi, le diamètre de l'embout â pointe sera un peu moindre que celui de l'âme du canon sur les arêtes des rayures, de façon que le tampon qui l'entoure s'introduise de façon juste assez serrée pour atteindre le fond des rayures. Les embouts à pointe sont presque toujours en laiton. Les tampons de nettoyage devraient être constitués de coton et être de dimensions appropriées au calibre, et même un peu plus grands; vous pourrez les tailler au besoin par la suite.

Une bavette ou tout simplement un essuie-tout pour recouvrir la crosse vous sera très précieux tout au long de votre démarche de nettoyage. En dernier lieu, vous aurez aussi besoin d'un solvant standard (Brite Bore, Hoppe's 9, Shooter's Choice, etc), en plus d'un solvant à fort contenu d'ammoniaque pour dissoudre le cuivre, la plupart du temps étiquetê «Copper Solvent» (Hoppe's 9 Benchrest, Barnes CR10, Sweet's 7,62 ou autres). Il existe aussi des abrasifs légers en pâte qui procurent un polissage plus marqué. Personnellement, ces produits m'ont donné de bons résultats sur mes armes de chasse; je vous en reparlerai un peu plus loin.

Les produits et outils nécessaires au rodage: un support stable pour la carabine (1), une bavette pour protéger la crosse (2), une baguette monopièœ en acier inoxydable (3), un embout à pointe (4), une brosse (5) de calibre approprié et un tube-guide (6). Des tampons de coton (7), un produit abrasif léger liquide (8) ou en pâte (9), un solvant standard (10) et un solvant fort à l’ammoniaque (11) complètent la panoplie.

Au travail

Les dépôts de cuivre composés des particules arrachées à la chemise de la balle lors de son passage dans le canon doivent principalement retenir notre attention, car dès les premiers coups ils s'accumulent dans les rayures de façon très accentuée. C'est pourquoi il faut nettoyer minutieusement entre chaque tir pour les premiers coups; de cette façon, le cuivre n'aura pas le temps de s'incruster dans les parois internes du canon. Comme mentionné plus haut, avant même de tirer le premier coup il importe d'effectuer un nettoyage afin de retirer tout résidu de graisse et de pouvoir débuter le rodage avec un canon propre comme un sou neuf.


Placez votre arme dans un support, ou de manière qu'elle soit solidement ancrée, avec le canon légèrement incliné vers le bas de préférence. Placez votre bavette sur la crosse de façon qu'elle soit en dessous du verrou lorsqu'il est ouvert, pour capter tous les surplus de solvant qui pourraient s'écouler lors de l'insertion d'un tampon imbibé dans le tube-guide; à long terme, le contact de ces produits avec le bois pourrait être néfaste. Enlevez le verrou, remplacez-le par votre tube-guide et assurez-vous qu’il est entré bien à fond dans la chambre.


Dans un endroit bien aéré, imbibez de solvant standard un tampon que vous aurez au préalable mis sur l'embout à pointe et faites-le passer à travers l'âme pour qu'elle soit bien humectée. Laissez le produit agir quelques minutes et appliquez quelques gouttes supplémentaires de solvant sur une brosse que vous passerez une dizaine de fois aller-retour, ou plus au besoin. Dans un canon tout neuf, ceci devrait dissoudre et retirer tout résidu de graisse, et après le premier coup ce nettoyage primaire fera disparaître toute trace de poudre ou de débris venant de l'amorce. Lors des passes de la baguette, sortez complètement la brosse à l'autre bout du canon avant d'effectuer le retour. N'es-sayez pas de faire revenir votre brosse lorsqu'elle est engagée dans le canon, car cela pourrait l'endommager. Passez ensuite un nouveau tampon imbibé de solvant, et asséchez le tout avec quelques tampons secs pour bien enlever toute trace de saleté.


Pour la deuxième étape, il s'agira de faire passer un autre tampon cette fois humecté avec un solvant fort, genre 7,62 Sweet's, ou tout autre produit semblable à base d'ammoniaque qui pourra vraiment dissoudre les résidus de cuivre. Sur chaque emballage de solvant vous retrouverez des instructions. Lisez-les attentivement car certains produits peuvent être dommageables quand laissés trop longtemps en contact avec le métal.


Ce tampon en ressortira probablement avec une teinte bleutée, ce qui confirme la présence d'un dépôt cuivré (l'ammoniaque produit cette couleur bleue en réagissant avec le cuivre). Répétez l'opération à quelques reprises, jusqu'à l'obtention d'une couleur plus pâle dans le cas d'une arme de chasse. Avec une arme de type compétition, votre tampon pourra en ressortir presque parfaitement blanc parce que le canon aura étê rodé à l'usine préalablement et que les dépôts seront moindres. Par la suite, passez quelques chiffons propres pour enlever le surplus de solvant fort jusqu'à ce que le canon soit bien sec.


C’est après cette étape que le solvant standard jouera son deuxième rôle. Avec un autre tampon humecté de ce solvant, effectuez de nouvelles passes à l'intérieur du canon afin de faire disparaître et neutraliser toute trace de solvant fort, puis asséchez le tout avec quelques tampons vierges. Ceci complète la première étape de rodage du canon, mais attention, il pourrait encore y avoir des traces de solvant dans la chambre causées par l'emploi d'un tube-guide mal adapté au type d'arme ou une infiltration involontaire de solvant fort. Alors nettoyez aussi la chambre, avec un tampon enroulé autour d'une brosse ou un écouvillon pour fusil de calibre .410. La personne qui se soucie de son arme pourra humecter un chiffon de solvant ordinaire, ou tout simplement d'essence à briquet, puis l'introduire dans la chambre avant de bien assécher le tout; c'est une petite attention qui permettra d'éviter d'endommager la chambre de l'arme.


Enfin, essuyez le bout du canon et refaites passer un tampon sec d'un bout à l'autre pour être sûr que les deux dernières étapes n'ont pas laissé de saletés. Tirez votre premier coup et refaites ces étapes de nettoyage entre chaque coup pour les huit à dix premières balles. Par la suite, un nettoyage régulier avec votre produit habituel devrait vous permettre de conserver toute la netteté et la précision du canon de votre carabine. Cependant au besoin, vous pourriez également recourir à la méthode spéciale qui suit.


Rodage avec pâte abrasive

Si, après un tel rodage, le résultat ne vous satisfait pas, il existe une autre méthode plus «robuste» qui consiste à polir l'intérieur du ca¬non avec un produit abrasif léger, de façon à en enlever toutes les micro-aspérités ainsi que tous les dépôts nuisant à la précision. Il existe plusieurs marques de ce genre de produit; j'utilise le 40-X Bore Cleaner de Remington, qui est liquide, et le J-B Bore Cleaner qui lui est sous forme de pâte (lisez les instructions dans le manuel du fabricant de la carabine, car ce ne sont pas toutes les compagnies qui recommandent ce dernier produit). Les personnes que je connais qui emploient ces abrasifs le font après avoir essayé des solvants forts sans succès.


Le procédé est très simple. Après avoir répété les premières étapes de la démarche précédente avec le solvant standard, il s'agira cette fois-ci de ne pas assécher l'intérieur du canon avant d'y insérer notre abrasif. On applique le produit sur un tampon, qu'on enroule ensuite autour d'une brosse usée dont le diamètre a un peu diminué; la brosse devrait pénétrer dans le canon avec une tension modérée. On effectue le polissage au moyen d'une dizaine de va-et-vient, ce qui devrait suffire à enlever toute aspérité. Par la suite, on passe un tampon humecté de solvant pour bien délayer tout ce qui pourrait subsister à l'intérieur du canon, suivi de d'autres tampons vierges pour l'assécher jusqu'à obtention d'un coton sans tache. La chambre et le bout du canon devront aussi être nettoyés.


Lors de la période de rodage avec l'une ou l'autre de ces deux méthodes, je préfère ne pas utiliser de balles traitées avec un recouvrement antifriction appelé Moly Coat, car je suis d'avis que ce genre de produit me prive de l'effet de «polissage» désiré lors du passage des balles dans l'âme du canon. Au cours de la dizaine de premiers coups de rodage, ne vous attardez pas trop à essayer d'évaluer la précision de votre carabine, car après nettoyage, la précision du premier tir est presque toujours légèrement affectée. Même un nettoyage de base produit presque à coup sûr un premier impact qui se distingue un peu des autres (flyer). Il s'agira d'apprendre à traiter avec ce fait.


Conclusion

Ces deux méthodes appliquées adéquatement s'avèrent très efficaces pour obtenir la précision optimale qu'une arme peut produire. Même si la carabine est susceptible de moins s'encrasser après ce traite¬ment, elle devra tout de même être nettoyée assez régulièrement par la suite, et des intervalles de 20 à 30 coups m'apparaissent raisonnables. J'ai longuement discuté de tout ceci avec Henry Smith, un armurier artisan du Nouveau-Brunswick qui a fabriqué ma carabine de précision pour des tirs à longue distance, et il me faisait remarquer qu'il possédait une arme dont les séances de nettoyage pouvaient être espacées d'environ 100 coups sans perte de précision. Complètement à l'opposé, ma Remington .300 Ultra Mag commence à perdre de la précision après 15 à 18 coups.


Pour vous donner un exemple de la diffé¬rence générée par un bon nettoyage, avec une recette personnelle de rechargement cette même carabine non nettoyée produit des groupements d'environ 1,0 à 1,25 po à 100 verges, alors qu'elle en donne de 0,5 po après nettoyage. Je compare souvent une arme à des empreintes digitales : il n'y en a pas deux pareilles, et c'est pourquoi il faut apprendre à bien connaître la vôtre afin de mieux composer avec ses petits caprices. En terminant, dites-vous que la précision de votre carabine bien nettoyée et bien rodée fera sûrement l'envie de vos amis lors de votre passage au club de tir.

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