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Article sur la chasse

Orignal stratégie-Les sites de repos en montagne

Orignal stratégie-Les sites de repos en montagne



Il fut un temps où je croyais à tort que les orignaux se couchaient seulement dans les couverts de résineux des grandes vallées. Pendant mes années d’apprentissage, j’étais fortement influencé par ce que je lisais ou entendais sur les sites de repos des orignaux et je fouillais souvent le type de terrain mentionné dans l’espoir d’y surprendre des orignaux couchés. Avec le temps et les innombrables heures passées sur le terrain, j’ai fini par me rendre compte que peu d’experts avaient fait mention des sites de repos ou de tenue diurne des orignaux (ces deux types de sites sont presque toujours les mêmes) à proximité des sommets de montagnes.


Depuis plusieurs années, je chasse l’orignal au Québec en plus de guider des adeptes de cette chasse. Personnellement, je suis fervent de chasse de type trophée, mais comme que je ne pratique pas cette activité dans des régions à forte densité d’orignaux, je suis forcé de chercher énormément et de pénétrer souvent très loin à l’intérieur des forêts afin de trouver des porteurs de panaches de catégorie supérieure. Ces intrusions en forêt profonde m’ont permis de faire énormément de découvertes intéressantes sur les habitudes de vie des orignaux.

Dans ces sites reculés, les orignaux laissent souvent des signes fortement marqués au sol et sur les arbres, et les souilles de l’automne précédent ou plus anciennes sont faciles à voir. Les frottages, les grattés, les signes de broutage et les sites de couches sont les indices les plus importants à marquer sur une carte ou à enregistrer en mémoire d’un appareil GPS.

Couche et «litière» d’orignal



Une couche d’orignal est un endroit où l’animal s’est allongé pour se reposer, mais il est peu probable qu’il revienne à ce point précis. Il se peut qu’il y ait d’autres orignaux qui se couchent près de cet emplacement durant les jours suivants, mais rien ne le garantit. L’herbe au sol est écrasée mais le sol n’est pas dénudé.

Contrairement à ces couches occasionnelles, ce que j’appelle les «litières» d’orignal sont des endroits où ces animaux se couchent régulièrement. À l’emplacement de ces couches régulières, il ne reste pratiquement plus de végétation sur le sol, la compaction du sol exercée par les écrasements répétitifs empêchant les plantes de croître. Des excréments de différentes périodes de l’année dans ou autour des litières prouvent que celles-ci sont utilisées à plusieurs périodes de l’année.



Au printemps et en été, les mâles utilisent souvent les mêmes litières que les femelles. Mais, lorsque leur panache atteint une certaine envergure, les premiers doivent se coucher en des endroits plus ouverts afin de ne pas risquer de heurter leur panache en croissance qui est très sensible. La façon la plus certaine de cibler les bonnes litières est l’observation des signes aux alentours. La plupart du temps, vous découvrirez de gros frottages (perte des velours) sur les arbres près de la litière d’un gros mâle solitaire.



Les couverts diurnes



Il faut apprendre à connaître les préférences et habitudes des orignaux dans le choix de leurs types de couverts de tenue diurne. Sans représenter une affirmation scientifique, je dirais que mes observations m’ont démontré qu’à la grande majorité du temps les orignaux se couchent sur les plateaux près des sommets de montagnes et rarement dans les grandes vallées, sauf pendant les périodes de canicule d’automne. Par contre, si cette période de chaleur non habituelle ne dépasse pas 48 heures, les orignaux auront quand même tendance à demeurer sur leurs plateaux montagneux préférés.

Il faut marcher énormément en habitats d’orignaux pour finir par comprendre comment ces animaux arrivent à régulariser leur température corporelle dans ces périodes de chaleur de fin d’été et de début d’automne. À même les plateaux ou près des sommets de montagnes, il y a toujours de petites ou moyennes dépressions ou des endroits où deux parois de la montagne se rejoignent. Depuis des millénaires, le ruissellement des pluies et de fonte des neiges entraîne les sédiments vers les bas, et avec le temps, le terrain devient un fond de terre humide où l’eau demeure emprisonnée. Le surplus d’eau finira par se déverser en un ruisseau intermittent, mais le fond humide restera toujours au creux de la dépression. Le couvert y est souvent accompagné d’arbres qui poussent bien dans ces milieux humides.

Ces microsites ont tout ce qu’il faut pour rafraîchir les orignaux qui sont des bêtes nordiques. Nul besoin d’une grande superficie, car ils y retrouvent la fraîcheur retenue dans l’humidité du sol, l’ombrage d’arbres relativement hauts, l’eau, une bonne circulation d’air et un garde-manger à proximité. C’est là tout ce dont les orignaux ont besoin pour une vie diurne satisfaisante, en plus bien sûr d’une tranquillité absolue.

Sur les plateaux, il y a des heures durant la journée où la chaleur ne démontre pas sa pleine vigueur, dépendamment de leur orientation par rapport au soleil. Les orignaux peuvent donc se déplacer d’un plateau à un autre pour rester au frais, tout en demeurant à proximité du garde-manger de forêt mature. Ils se déplacent même souvent sur le même plateau pour simplement changer d’orientation par rapport au soleil. Sur ces plateaux, il est plus facile pour les orignaux de demeurer le nez dans le vent, car les courants d’air montent vers eux pendant le jour. Sous l’aspect sécurité, il y a presque toujours à l’arrière du site choisi un couvert dense ou des parois plus escarpées qui ne permettraient pas une approche silencieuse des prédateurs ou des chasseurs.

Toutes les cartes topographiques indiquant les courbes de niveau vous révèlent l’information pertinente sur les pentes de terrain. Lorsque les courbes sont plus largement espacées que la moyenne des courbes environnantes, vous êtes en présence d’un plateau.





Plus ce plateau est grand, meilleures sont les chances qu’il soit utilisé comme site de repos et de tenue diurne. Parfois un plateau peut entourer complètement le sommet d’une montagne et les orignaux peuvent s’y déplacent en fonction de la chaleur du soleil, de l’abondance de nourriture et de la direction des vents qui leur permet de sentir et d’entendre l’arrivée possible des prédateurs.

Sites de repos lors de grandes canicules

Dans les grandes vallées, l’air est emprisonné et les odeurs des orignaux les rendent plus vulnérables à la détection par les prédateurs. Ils se rendront donc dans ces grandes vallées surtout pendant des canicules qui durent plusieurs jours. Dans les grandes vallées de forêt mature, l’eau est toujours présente en bonne quantité; les orignaux y limitent alors énormément leurs déplacements, même de nuit.
Au creux des grandes coulées, la chaleur du jour prend beaucoup plus de temps à s’installer et l’air ambiant refroidit rapidement en fin d’après-midi. Le sol qui présente toujours un fond humide garde lui-aussi beaucoup de fraîcheur, et pendant une canicule les orignaux peuvent y demeurer plusieurs heures sans bouger. Ces grandes coulées doivent cependant être adjacentes à des couverts forts en matières nutritives, car il y a peu de nourriture dans la coulée même. Les couverts voisins doivent donc comporter des essences feuillues ou mixtes.

À tire d’exemple, lors de la saison de chasse 2017 nous avons subi une canicule qui a duré du 8 au 27 septembre. J’ai remarqué que la majorité des signes de rut liés aux accouplements (ne pas confondre avec les signes du pré-rut) ont eu lieu entre le 20 et le 30 septembre. Ce qui a été frustrant pour les chasseurs réside dans le fait que les orignaux bougent normalement beaucoup pendant cette période, mais qu’à cause des grandes chaleurs ils se déplaçaient très peu, même de nuit. Il était donc très difficile de les trouver par leurs pistes ou autres traces laissées dans leurs déplacements.

Sites de repos dans les secteurs de résineux
Dans les régions où l’épinette noire domine, il n’y a pas beaucoup d’orignaux. Par contre, si cette forêt a subi de fortes perturbations, telles que des coupes forestières ou des feux de forêt, les populations d’orignaux explosent avec l’abondance de nourriture. Dans ces contextes, pendant le jour les orignaux seront dans la régénération à la lisière des couverts de forêt mature épargnés par la perturbation.

Lors d’une canicule, il devient extrêmement difficile d’y chasser l’orignal. Je conseille alors de cibler le meilleur garde-manger et d’y faire une chasse passive d’attente le matin et le soir. Il s’agira alors d’ajouter à votre stratégie l’élaboration de salines aux transitions des couverts et de combiner le tout avec des appels, seulement pendant la dernière heure du crépuscule et la première heure de la chasse du matin.

Sites de repos dans les secteurs de feuillus
Les secteurs de forêts de feuillus sont typiques des régions où l’orignal est présent en densité moyenne, et les microsites de repos y sont nombreux. Une bonne façon de trouver les microsites de fraîcheur est de prospecter le terrain pendant la fonte des neiges. À certains endroits, la neige fond plus lentement, et si la neige persiste plus longtemps c’est que le sol est moins chaud, soit parce que le soleil ne l’atteint pas autant que le couvert avoisinant ou que le sol a une particularité humide.

Sur vos cartes ou appareils GPS, prenez en note ces microsites de fraîcheur, et lors d’une excursion de chasse en déplacement, soyez alerte à l’approche de ces sites, surtout s’il fait chaud. Notez que pour tout type de couvert, résineux, mélangé ou feuillu, les sites de repos des sommets peuvent être ciblés à partir des cartes topographiques, écoforestières et autres.

Sites de repos dans les secteurs de forêt mélangée

Les caractéristiques des couverts mélangés sont en général les mêmes que les couverts de feuillus. Par contre, il sera utile d’en faire l’analyse à l’aide de cartes écoforestières et de porter attention à la densité des couverts de résineux. Si les couverts sont trop denses, les orignaux mâles ne s’y coucheront pas, même si la neige y persiste au printemps, car les risques de prédation sont trop élevés. Pensez toujours au dégagement dont un mâle moyen a besoin pour s’enfuir à l’arrivée d’une meute de loups. Si vous y trouvez des bains de boue ou des couches et que vous remarquez qu’il n’y a jamais de frottages, vous êtes en présence de signes laissés par des femelles.

Familiarisez-vous avec les codes des cartes écoforestières pour être apte à identifier les parcelles de forêt non propices aux microsites de repos et de fraîcheur. Il existe aujourd’hui des documents cartographiques de type écoforestier simplifié qui sont très efficaces pour cibler les sites nourriciers, mais qui comportent des lacunes au niveau du repérage des sites de repos, surtout lors de journées chaudes. Voilà pourquoi le fait de connaître la base d’interprétation des cartes écoforestières vous sera bénéfique.



J’ai découvert que les orignaux utilisaient les fonds humides des sommets de montagnes pour se faire de réels bains de boue. Ils y creusent le fond humide de terre noire pour s’y vautrer le plus profondément possible. Cela leur permet de régulariser leur température corporelle en s’enduisant de boue et de se protéger des insectes piqueurs. Lors d’une canicule, les orignaux vont même se coucher dans des bains humides et de boue à même les microsites de fraîcheur.

Conclusion


Il faut retenir que les orignaux n’ont pas souvent l’habitude d’aller se reposer dans les grandes vallées planes. Ils recherchent surtout les plateaux ombragés où il y a abondance de nourriture à proximité. Dans le cas de journées chaudes, ils iront dans les petits vallons aux sommets des grandes montagnes. Le facteur d’influence premier sera l’altitude, les hautes altitudes gardant la température plus fraîche qu’au creux des grandes vallées. Lors d’une canicule qui persiste durant plusieurs jours, ils opteront pour une grande vallée qui prend plus de temps à se réchauffer et à se rafraîchir.

Pour le chasseur, tout devient une question d’adaptation à la suite d’une bonne analyse situationnelle au moment de sa chasse, à la condition bien sûr qu’il ait fait ses devoirs de prospection.


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