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Article sur la chasse

CHEVREUIL ARMES: L’efficacité des calibres modestes

CHEVREUIL ARMES: L’efficacité des calibres modestes



Pour chasser le chevreuil, l’auteur considère qu’un calibre de puissance modérée convient mieux et il explique pourquoi.



Mon compagnon et moi approchions un petit promontoire lorsque nous aperçûmes un cerf mâle qui observait anxieusement notre approche, bien planté dans la bordure forestière. Je ne mis qu’une seconde à le mettre en joue, et à la détonation l’animal s’effondra brutalement. «Bon sang, à quel endroit l’as-tu tiré?», questionna mon compagnon. Quelque peu étonné moi-même par la soudaineté de l’effondrement, je lui répondis que j’avais ciblé la poitrine mais que j’avais possiblement touché la colonne vertébrale.

Aussitôt parvenu près de mon gibier, je notai le point d’entrée du projectile sur le flanc du côté rapproché et je le retournai pour constater l’orifice de sortie du côté opposé, à peu près au même niveau sur le flanc, confirmant que j’avais bien atteint le point visé et que les deux poumons avaient été transpercés. À l’éviscération, nous pûmes aussi constater que mon projectile n’avait nullement touché la colonne vertébrale comme je l’avais d’abord supposé.

Dans le passé, sauf dans les cas où l’animal avait été complètement inconscient de ma présence au moment du tir, j’avais rarement constaté un écroulement aussi subit d’un chevreuil atteint aux poumons, et ce, quel que soit le calibre utilisé. Et pourtant, le présent mâle nous avait bien préalablement aperçus et était parfaitement alerte au moment de mon tir. En fait, c’était la troisième fois au cours des deux années précédentes que je connaissais une situation semblable. 

Autres confirmations

Le matin du 27 novembre 2016, je me retrouvais dans une petite cache sur le territoire du secteur Galiote d’Anticosti. Par ce matin enneigé, j’étais en poste depuis près de trois heures quand j’aperçus un premier mâle déambulant sur les traces des trois femelles que j’avais vues plus tôt. Le mâle était tellement concentré sur sa poursuite que je dus lui lancer un cri à deux reprises pour qu’il s’arrête, et dès ce moment il reçut à la poitrine la même dose balistique que le mâle précédemment mentionné, et il s’écrasa instantanément dans sa trace.

Après être allé constater l’impact aux poumons et apposé mon premier coupon de transport sur le panache du 8-pointes, j’entrai en contact par radio bidirectionnelle avec le guide qui était venu me déposer à cet endroit au petit matin, et comme ce dernier était déjà en chemin pour venir me rejoindre, il fut convenu que je l’attendrais pour prendre des photos avant de procéder à l’éviscération. 

En attendant, je retournai m’asseoir à mon poste d’affût, et pas plus de 10 minutes plus tard, j’aperçus un autre mâle qui suivait les traces du premier et celles des femelles précédentes. Ce deuxième 8-pointes aperçut alors le premier affalé une vingtaine de mètres devant lui et s’arrêta tout net, en semblant se questionner sur la situation. Il n’eut jamais réponse à son questionnement avant d’être foudroyé par mon projectile et de s’écraser aussi instantanément que le premier (photo ci-dessous). Comme le mâle précédemment mentionné, ces deux derniers n’avaient pourtant été atteints que par un simple projectile de 120 grains en calibre .260 Rem. En somme, rien pour impressionner les adeptes d’armes puissantes, et pourtant…




Échantillonnage valable?...

Depuis que j’ai adopté cette combinaison calibre/type de munition, j’en suis rendu à huit chevreuils atteints aux poumons et fauchés comme la foudre. Et je ne compte pas les trois autres chevreuils récoltés avec cette même charge mais atteints au cou, un tir qui cause pratiquement toujours un écroulement instantané. Au total, sur tous les cerfs atteints aux poumons avec cette «médecine balistique», un seul a parcouru environ 10 mètres avant de s’écraser au sol.


Si on se fie à la simple théorie de «force de frappe», les six chevreuils mentionnés n’auraient pas dû être terrassés de façon aussi radicale. Évidemment, je ne prétends pas et je ne m’attends pas à ce que chaque chevreuil atteint à la poitrine avec cette combinaison calibre/munition soit dorénavant ainsi foudroyé sur place, mais même restreint, mon échantillonnage m’apparaît nettement significatif quand à l’efficacité de la performance terminale, malgré l’aspect modeste du calibre et du poids du projectile.
Sans avoir tenu de décompte précis, j’estime que j’ai récolté dans ma longue carrière de chasseur aux environs d’une centaine de cerfs, et ce avec différents calibres allant du .30-30 Win. au 7mm Rem. Mag., et en passant par une carabine Custom de calibre .30-06 Ackley Improved dont la performance balistique est à toutes fins pratiques similaire à celle d’une .300 Win. Mag. Et pourtant, dans des conditions d’impact au niveau des poumons de l’animal, je n’avais jamais auparavant remarqué de constance semblable dans la façon d’aller au tapis des gibiers atteints, et ce même avec les plus puissants calibres utilisés.

Je dois ici préciser que la charge de calibre .260 Rem. dont il est question comprend une balle monolithique de cuivre solide Barnes TSX de 120 grains. Si je devais me fier aux vélocités annoncées commercialement pour ce genre de charge, je m’attendrais à environ 2900 pi/s à la bouche, mais en sachant que ces prédictions «officielles» sont basées sur l’utilisation d’un canon de laboratoire de 24 po et que mon petit modèle Seven de Remington est muni d’un canon de 20 po, la vélocité à la bouche mesurée au chronographe du projectile de mon arme n’est que de 2720 pi/s, pour une énergie cinétique de 1972 lb∙pi.



Pour la chasse au chevreuil, les calibres modestes favoris de l’auteur comprennent les .260 Rem., 6.5 Creedmoor et 7mm-08 Rem. Le premier et le dernier sont basés sur une douille de .308 Win. à col réduit, alors que le deuxième représente un genre de clone moderne du .260 Rem. avec une douille quelque peu raccourcie et engraissée présentant des épaules à angle plus marqué.

La photo de droite laisse voir la principale différence de forme d’expansion entre une balle à noyau de plomb chemisé et une balle monolithique en cuivre. Suite à l’impact, la première prend la forme d’une tête de champignon aplatie, tandis que la pointe de la deuxième se fend progressivement en quatre pétales de métal tranchant; la conservation presque totale de poids de cette dernière favorise aussi la pénétration.


Je suis d’ores et déjà conscient qu’on pourrait discuter longtemps sur ce point et que je n’aurais guère de chances de convaincre les adeptes de calibres puissants. D’ailleurs, je sais pertinemment que pour la plupart des chasseurs, le simple fait d’apporter la moindre critique sur le calibre de leur carabine préférée équivaut pratiquement à dire du mal de leur conjoint(e)…


Choc, force de frappe et performance terminale
Pour plusieurs chasseurs, l’énergie cinétique est l’expression pure et simple de la puissance d’impact d’un projectile, et les chiffres exprimés en milliers de livres/pied (lb∙pi) dans les tableaux balistiques commerciaux représentent l’indication ultime de la «force de frappe» d’une munition de calibre donné. Des chiffres d’énergie cinétique de 3000 lb∙pi peuvent apparaître 150 % plus impressionnants que d’autres de 2000 lb∙pi, mais outre le fait que de tels chiffres ne sont valables qu’à la bouche du canon (et qu’à ma connaissance aucun gibier n’a jamais été atteint par la balle au sortir du canon), ça ne signifie nullement que la cible sera 150 % plus susceptible d’être foudroyée sur place.

On sait que lors de l’expansion à l’impact, une balle standard à noyau de plomb chemisé prend la forme élargie d’une tête de champignon. À mesure que l’expansion se produit, cette large surface frontale aplatie cause un important freinage en cours de pénétration, en plus de réduire sa capacité à transpercer les tissus et la peau de l’animal atteint. Par expérience, je crois pouvoir estimer qu’il faut habituellement près d’une dizaine de secondes avant que la pression sanguine d’un cerf atteint mortellement aux poumons par une balle expansive à noyau de plomb chute suffisamment pour qu’il s’écrase au sol, et on sait qu’un chevreuil blessé peut couvrir une importante distance dans ce laps de temps.

De plus, alors que plusieurs chasseurs considèrent principalement la «force de frappe» exprimée en lb∙pi, celle-ci se trouve souvent désavantagée par la trop grande «expansivité» du projectile utilisé par rapport à sa vélocité. L’exemple qui me vient immédiatement en tête est celui du calibre .243 Win. qui peut propulser une petite balle de 75 grains à 3500 pi/s pour une énergie de près de 2050 lb∙pi à la bouche. Pourtant, lors d’un impact à courte distance, ce petit projectile (surtout s’il s’agit d’un type de balle relativement friable) serait soumis à une telle violence de choc que son expansion spectaculaire le priverait d’une grande partie de sa capacité de pénétration et risquerait même de causer sa fragmentation à l’impact.

Même si les chiffres d’énergie cinétique de ma charge de calibre .260 Rem. précédemment mentionnée sont moindres que ceux du petit et rapide projectile de .243, je vous garantis que cette réduction de la supposée «force de frappe» n’est nullement indicative d’une efficacité terminale moindre! Au contraire, les amorces de rupture de la pointe de la balle monolithique en cuivre provoquent une ouverture progressive de cette pointe sous forme de quatre pétales tranchants qui transpercent plus facilement l’animal de part en part. En plus, même propulsée à vitesse modeste, la pénétration de ce type de balle est favorisée par sa capacité de conservation presque totale de poids suite à l’impact.


Je suis d’avis que le concept de trauma causant une chute soudaine de la fonction circulatoire sanguine et conduisant à la mise rapide au tapis de l’animal atteint par une balle explique mieux le phénomène mentionné d’effondrement pratiquement instantané d’un gibier que l’expression en chiffres d’énergie cinétique de cette balle. Même en calibre modeste à vitesse plus lente et à énergie moindre, je suis persuadé que la capacité de cohésion, de conservation de poids et de pénétration de la balle monolithique contribuent à causer un trauma radical à l’impact sur le gibier. Croyez-moi, c’est pour des raisons valables et éprouvées que cette dernière combinaison représente mon premier choix pour la chasse au chevreuil.

Choix de calibres modestes



Mes trois calibres modestes de prédilection pour la chasse au chevreuil sont les .260 Rem. (je crois que vous le savez déjà), ainsi que le nouveau 6.5 Creedmoor (à toutes fins pratiques un clone balistique modernisé du .260 Rem.) et le 7mm-08 Rem.

Dans cette catégorie de calibres que je qualifie de modestes, je m’en tiens aux calibres à action courte (longueur maximale de cartouche de 2.800 po), avec une douille dont le volume interne contient 56.0 grains d’eau (H2O) ou moins. Outre les calibres déjà mentionnés, j’inclurais les .250 et .300 Savage, ainsi que le .257 Roberts, sauf que les disponibilités de munitions commerciales de ces calibres sont plutôt restreintes et qu’ils conviendraient mieux à un adepte de rechargement.

On ne peut évidemment passer sous silence l’éternel .30-30 Win., mais comme les carabines à magasin tubulaire de ce calibre nécessitent normalement l’utilisation de munitions à balles à bout plat ou rond, qui ne favorisent guère une trajectoire rectiligne, je serais porté à recourir à des munitions avec balles à pointes souples, comme les Hornady LeverEvolution.

Il resterait aussi le mal-aimé .307 Win. qui n’a guère soulevé l’intérêt malgré ses performances balistiques nettement augmentées par rapport à son parent, le .30-30 Win. Celui-ci conviendrait parfaitement à ma description de calibre modeste pour la chasse au chevreuil, mais comme l’arme n’est plus en catalogue et que Winchester n’offre encore qu’une seule munition de ce calibre, il faut pratiquement l’oublier, sauf peut-être pour un collectionneur adepte de rechargement.

Finalement, même le .308 Win. correspond encore à ma description de calibre modeste, mais tout juste à la limite supérieure. Ici, ce n’est pas le choix de munitions disponibles qui manque, ce qui permet une sélection plus judicieuse. Dans cet éventail, je privilégierais une munition à balle solide et à grande cohésion, au moins à noyau et chemise liés par fusion (bonded), en poids de 165-168 grains, ou encore à balle monolithique de cuivre de 150 grains. Barnes, Federal, Hornady, Nosler, Remington et Winchester offrent tous ce dernier type de munition.

Je suis quand même bien conscient que la majorité des chasseurs d’orignal utilisent le même calibre pour chasser le chevreuil, ce qui est tout à fait convenable. Je conviens aussi que certains chasseurs et tireurs ont un «faible» pour les calibres puissants et les grandes vélocités; je le sais, j’avais la même tendance à une certaine période! Il n’en reste pas moins qu’il n’y a pratiquement rien à gagner de ce côté au point de vue efficacité terminale pour la chasse au chevreuil, et que pour la plupart des tireurs, l’atteinte de la plus grande précision est nettement facilitée par l’utilisation d’un calibre modeste.


Donc, si vous possédez déjà un calibre de cette catégorie ou que vous envisagez d’en faire l’acquisition éventuelle, sachez que je considère ces calibres comme l’idéal pour la chasse au chevreuil dans nos conditions québécoises. Nombreuses preuves à l’appui!




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