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L’orignal, allié naturel contre les changements climatiques

L’orignal, allié naturel contre les changements climatiques

Le plus grand herbivore de nos forêts pourrait bien se positionner comme un allié de taille pour maintenir l’équilibre de la forêt boréale en période de bouleversement climatique. C’est du moins l’hypothèse soutenue dans une étude à laquelle participe l’Université Laval.

L’augmentation des températures modifie la dynamique des forêts. La croissance des feuillus est favorisée lorsque les températures augmentent. Cela signifie que le visage de la forêt boréale, avec une majorité de conifères et moins de feuillus, pourrait changer avec les changements climatiques, à moins d’avoir une forte présence d’orignaux sur le territoire.

« On parle ici d’un service écosystémique, sous certaines conditions. Les orignaux peuvent manger plusieurs milliers de kilogrammes de ramilles d’arbres pendant une année, on pourrait penser que s’ils sont abondants, ils pourraient nuire, mais en matière de changements climatiques, c’est tout le contraire », affirme Jean-Pierre Tremblay, professeur agrégé du Département de biologie de l'Université Laval.

Pour en venir à cette conclusion, un travail de collaboration a été mis sur pied entre des chercheurs du Québec et d’autres de Norvège, pays qui compte aussi une forte densité d’orignaux. La procédure des chercheurs a consisté à ériger des exclus, des sites en forêt qui sont en quelque sorte protégés de la présence des orignaux.

Pendant sept ans au Québec et 11 ans en Norvège, ces sites ont été laissés à eux-mêmes, sans la présence d’herbivores pour venir manger les pousses qui pourraient s’y trouver.

L’objectif était de vérifier l’incidence des orignaux sur la végétation au moment où les changements climatiques modifient les rythmes de croissance. En l’absence d’orignaux, les feuillus sont favorisés, de sorte que la compétition entre les espèces d’un même écosystème est modifiée.

Les propriétés « refroidissantes » de l’orignal

Les feuillus poussent plus rapidement et rivalisent plus férocement avec les résineux comme les épinettes blanches par exemple. Dans les sites où l’orignal était présent en abondance, cet avantage climatique n’est pas observé, parce que l’animal se nourrit des nouvelles pousses et limite ainsi la compétition modifiée entre les espèces.

« Les orignaux agissent comme des débroussailleurs en éliminant les compétiteurs feuillus dans les peuplements d’épinettes blanches en plantation », résume le professeur Tremblay.


PHOTO : RADIO-CANADA / ÉMILIE PARENT BOUCHARD


Par son alimentation, l’orignal vient en quelque sorte jouer un rôle stabilisateur en forêt boréale. Le régime alimentaire des orignaux, qui profitent d’une pousse accélérée en raison des températures plus élevées, a pour effet de limiter l’impact forestier de cette croissance plus rapide des feuillus. En somme, en mangeant les pousses, l’orignal limite l’accélération du développement de certaines espèces dont la croissance aurait pu entrer en compétition avec les conifères.

« Dans les changements climatiques, souvent ce qu’on va imaginer, ce sont des espèces qui arrivent du Sud et colonisent les sites plus au Nord, mais en grande partie, ce sont les espèces déjà présentes qui réagissent différemment. Les feuillus sont plus adaptés aux conditions un peu plus chaudes, ce sont eux qui sont favorisés et qui sont appelés à changer en proportion dans les peuplements forestiers. »

L’étude, qui est aussi publiée dans la revue Ecoloy, tend ainsi à démontrer que l’orignal est un facteur favorable pour préserver la composante conifère des peuplements de la forêt boréale.

Un enjeu de densité

Le professeur Tremblay précise néanmoins qu’en écologie il n’y a rien de simple  et que d’autres interactions peuvent entrer en ligne de compte. On peut penser aux précipitations de neige, aux parasites ou à la densité des populations d’orignaux, qui varie d’une région à l’autre.

Ainsi, en Gaspésie, où la concentration d’orignaux est la plus importante au Québec, l’animal a plus d’impact que sur la Côte-Nord, où la densité est moins grande. La capacité de ralentir la croissance des feuillus est plus limitée. Même si l’Abitibi-Témiscamingue n’a pas fait partie des sites étudiés, l’extrapolation est la même. Le professeur ajoute également un autre élément de préoccupation pour l’Abitibi-Témiscamingue.

 « Dans un cas comme l’Abitibi-Témiscamingue, le service écosystémique, il est peu probable qu’on le voie pour contrer l’effet du réchauffement climatique sur la composition forestière. Les préoccupations dans la région sont autres, c’est plutôt quels sont les stresseurs des populations d’originaux », souligne le professeur Tremblay.

Un des principaux stresseurs, c’est la tique d’hiver de l’orignal, un parasite externe qui colonise les orignaux au cours des mois de septembre et octobre. Passives, les tiques attendent le passage d’un orignal pour s’y établir.

« Ce qui est particulier avec la tique d’hiver, c’est qu’elle passe l’hiver sur le même animal, et tout son cycle vital, de larve à tique. On sait que cette tique peut avoir des effets sur les individus, mais on ne pas encore comment ces effets-là vont influencer les populations d’orignaux. »

En 2019, les chasseurs étaient invités à prélever certains organes afin d’évaluer la santé des animaux. Cette étude est aussi dirigée par le professeur Jean-Pierre Tremblay en collaboration avec le Ministère des forêts, de la Faune et des Parcs et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

Source: Radio-Canada

Crédit photo: Radio-Canada

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