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Article sur la chasse

AU BANC D’ESSAI- Performance terminale de balles populaires de carabines

AU BANC D’ESSAI- Performance terminale de balles populaires de carabines


L’auteur a effectué des tests révélateurs pour départager les capacités de performances à l’impact d’une douzaine de combinaisons de projectiles de chasse en calibres différents.


Certains chasseurs semblent croire que le type de balle contenu dans leurs cartouches ne représente pas une caractéristique très importante, en autant que ces balles soient du même poids que celles qu’ils ont adoptées et auxquelles ils sont habitués. Pourtant, même en poids similaire et à vélocité égale, il y a des différences énormes dans les capacités de performance terminale entre les différents types de projectiles aujourd’hui disponibles dans les munitions de carabines.

En tant que chasseurs, quand il est question de performance terminale, on pense surtout aux résultats plus ou moins radicaux d’impacts sur le gibier. Cependant, comme ces impacts peuvent se produire à différentes distances, sous différents angles et à différents points du corps de l’animal visé, et il n’est guère possible de tirer des conclusions vraiment révélatrices sur les capacités comparatives des différents types de projectiles uniquement par les trop rares résultats de tirs de chasse. 

Les lecteurs qui suivent régulièrement mes écrits dans ce magazine se souviendront peut-être de la chronique Armes et tir du numéro d’octobre 2018 dans laquelle je proposais la fabrication artisanale d’un bloc arrêtoir de balles permettant de tester comparativement les capacités de performance terminale de différentes balles dans des conditions similaires. Quand on récupère une balle de cet arrêtoir, qu’on examine son état résiduel, qu’on constate sa profondeur de pénétration et l’amplitude de son onde de choc dans le bloc d’annuaires et qu’on compare ensuite les résultats de quelques tests de balles différentes, on se retrouve devant des données très révélatrices.


Pour mes tests de performance terminale des différentes balles, j’ai utilisé un bloc arrêtoir composé d’un mince catalogue de papier d’une centaine de pages, de deux planchettes de 9 x 12 po découpées dans un panneau de fibres durcies Masonite de 1/8 po d’épaisseur, d’un contenant rempli d’eau (du genre eau distillée) et d’un empilage d’autant d’annuaires téléphoniques de format approximatif 9 x 12 po qu’il en faut pour constituer une épaisseur totale d’environ 8 à 9 po. Finalement, le tout a été solidement ligoté à l’aide d’un dévidoir distributeur de ruban d’emballage pour former un bloc d’ensemble.

C’est ainsi qu’après avoir écrit la chronique mentionnée et effectué certains tests personnels, il m’est venu à l’idée de pousser ces tests de manière plus élargie, de façon à faire profiter les lecteurs des résultats comparatifs d’une douzaine des plus populaires balles en calibres, types et poids différents. Évidemment, je n’ai pas la prétention de couvrir toutes les balles disponibles, mais je pense que l’éventail des projectiles inclus couvre une bonne part des principaux types existants. On pourra consulter les résultats de ces tests ci-dessous.


Concept d’expansion d’une balle de chasse
Selon le type de projectile, la pointe d’une balle de chasse peut être constituée de l’extrémité du noyau de plomb exposée à l’avant de la chemise de cuivre, ou d’une simple cavité (bout creux) recouvert ou non d’une pointe effilée en polymère. Au moment initial de l’impact, c’est la résistance que rencontre la pointe qui initie l’écrasement progressif et contrôlé du projectile menant à son expansion et à la propagation de l’onde de choc en cours de pénétration.





En gros, on peut classer en quatre grandes catégories les principaux types de balles pouvant se retrouver dans les munitions de carabines commerciales ou rechargées. Les balles expansives standard, constituées d’un noyau de plomb recouvert d’une mince chemise de cuivre, sont les plus répandues et les moins coûteuses; les balles à expansion contrôlée comportent un noyau de plomb et une chemise de cuivre liés par fusion thermique (bonded); les balles de type hybride comportent une partie arrière en cuivre solide et une autre à l’avant avec noyau de plomb fusionné thermiquement; finalement, les balles monolithiques sont entièrement fabriquées de cuivre solide.
Les balles sont conçues pour effectuer correctement leur rôle d’expansion dans une gamme donnée de vélocités résiduelles à l’impact, et il est important de réaliser qu’une même balle de poids donné pourra démontrer des différences de performances terminales, dépendamment de la puissance de propulsion du calibre dans lequel elle est utilisée. Et même dans un calibre donné, si l’impact a lieu à très courte distance alors que la vélocité est la plus élevée, la performance d’expansion et de cohésion d’une balle donnée ne sera pas la même que si l’impact a lieu à très grande distance, alors que la balle aura perdu une bonne part de sa vélocité initiale.
Des résultats en mettre en contexte
Évidemment, les résultats de mes tests ne garantissent pas nécessairement des résultats similaires lors de tirs sur un gibier, car dans ce dernier cas chaque tir suppose des conditions particulières, non seulement selon le calibre, le poids de la balle et sa vitesse au moment de l’impact, mais aussi de la position du gibier et de la résistance différente des tissus corporels (solide ossature ou tissus souples) que le projectile rencontre. Par contre, mon concept d’arrêtoir balistique présente une résistance similaire à chaque tir de test, de façon à soumettre les balles à des épreuves les plus égales possibles et permettre des comparaisons de leurs capacités dans des conditions similaires.
De façon générale, selon mon expérience de chasse de tous les gros gibiers québécois, mon arrêtoir soumet les balles à plus rude épreuve que les tirs sur des gibiers réels. Donc, si une balle a démontré une bonne résistance et une bonne performance lors de ces tests, à plus forte raison elle devrait en faire autant sur le gibier. Par contre, une balle qui se serait partiellement fragmentée lors de mes tests ne signifierait pas automatiquement qu’elle en fera autant sur le gibier, mais on peut penser qu’elle pourrait présenter ce résultat lors d’un impact sur une solide partie osseuse d’un gibier massif, d’autant plus si l’impact se produit à grande vélocité.
Les calibres que j’ai eu la possibilité d’utiliser pour effectuer mes tests sont des calibres populaires de puissance moyenne à forte (de .260 Rem. à l’équivalent de .300 Win. Mag. (dont mon calibre .30-06 Ackley Improved représente pratiquement un jumeau), et les balles de poids moyen de chacun de ces calibres ont donc été soumises à une épreuve représentative de ces derniers.

Conséquemment, il faut tenir compte du fait que si ces mêmes balles avaient été propulsées à plus grandes vitesses par des calibres de même diamètre mais beaucoup plus puissants (par exemple .26 Nosler au lieu de .260 Rem., 7mm Rem. Ultra Mag. au lieu de 7mm-08, ou .300 Rem. Ultra Mag. au lieu de .30-06 Ackley, la tendance à la fragmentation aurait probablement été encore plus marquée.


Analyse générale des résultats


De façon globale, on peut constater sans surprise que la meilleure capacité de pénétration, de rétention de poids et même d’expansion maximale par rapport au diamètre original se retrouve chez les balles monolithiques de cuivre solide, autant en calibre .30 qu’en calibre .26 (que ce soit avec pointe de polymère ou simple pointe creuse).



La balle de concept hybride Trophy Bonded Tip de Federal (portion arrière de cuivre solide et noyau avant de plomb fusionné thermiquement) démontre aussi des capacités terminales très approchantes, 


et les balles à expansion contrôlée (à noyau de plomb et chemise fusionnés [bonded]), comme AccuBond et Core-Lokt Ultra, suivent ensuite de près.



Il m’apparaît aussi intéressant de noter que la bonne vieille balle Nosler Partition (à deux noyaux cloisonnés) créée au milieu du siècle dernier démontre encore une performance qui ne mérite guère de reproches. Lors d’un impact à haute vélocité, le noyau avant de cette balle risque de se fragmenter en cours de pénétration, mais le noyau arrière cloisonné demeure toujours capable de compléter cette pénétration.


Il est vrai, je le répète, que l’impact dans mon arrêtoir balistique soumet généralement les balles à plus rude épreuve que l’impact sur un gibier, mais il demeure que les résultats de mes tests démontrent encore une fois la tendance généralisée à la fragmentation en cours de pénétration des balles expansives simplement chemisées. Je les ai pratiquement toutes retrouvées avec la coupe de chemise complètement évidée et avec le noyau de plomb en fragments dispersés de diverses grosseurs, et cette tendance est particulièrement évidente lors d’impacts à haute vélocité.


Je ne dis pas que cette tendance à la fragmentation soit un empêchement à la récolte d’un gibier, mais elle peut représenter un obstacle à la capacité de pénétration, et ceci peut s’avérer crucial lors d’un impact sur un gibier massif comme l’orignal. Et personnellement, je n’aime guère cette propension à répandre des particules de plomb dans les chairs de mes gibiers.



Autres tests particuliers

Les données des résultats de mes tests indiquent dans chaque cas la vélocité résiduelle à l’impact à 100 verges dans mon arrêtoir balistique, cette vélocité ayant été extrapolée à l’aide du logiciel balistique Quick Target suite à des mesures précises de chronographe à la bouche. Donc, comme mentionné plus haut, ces résultats donnent une bonne idée de la performance terminale à l’impact de chaque type de balle dans la gamme de vélocité mentionnée.

À l’autre extrême, j’ai voulu donner une idée, même incomplète, de la vélocité minimale à laquelle une balle peut effectuer l’expansion pour laquelle elle est prévue, et pour cela j’ai choisi de mettre à l’essai deux balles de résistance diamétralement opposée, soit la balle expansive Sierra GameKing et la balle monolithique de cuivre solide Barnes TSX. Pour mener ces tests, j’ai utilisé des poudres et des techniques de rechargement spéciales permettant de produire des charges réduites procurant les vélocités minimales souhaitées.

Avec la GameKing de 140 grains en calibre 7 mm, j’ai ainsi pu obtenir une vélocité minimale à la bouche de 1650 pi/s et de 1497 pi/s à l’impact sur mon arrêtoir balistique à 100 verges. La balle a alors simplement percé un petit trou dans les deux panneaux de Masonite, la cruche d’eau et la première épaisseur d’annuaire et elle a effectué à peine un début d’expansion après avoir traversé l’empilement complet de 7 po d’épaisseur. De toute évidence, à cette trop faible vélocité, même cette balle relativement friable aurait réagi pratiquement comme un projectile entièrement chemisé et l’effet d’onde de choc lors d’un tir sur un gibier aurait été presque négligeable. 

Par contre, lorsque j’ai rechargé cette même balle pour deux différentes vélocités à la bouche de 2600 pi/s et 2875 pi/s, les tests ont montré une très importante expansion, et même une propension à la fragmentation. Donc, à mon avis, cette balle pourrait convenir pour la chasse au chevreuil dans un calibre à vélocité modeste (comme le 7x57 Mauser ou le 7mm-08). Par contre, je ne crois pas que ce serait un bon choix de type de balle pour un calibre beaucoup plus rapide, comme un 7mm Rem. Mag.
J’ai aussi voulu avoir une idée plus précise sur le possible manque d’expansion d’une balle monolithique comme la Barnes TSX, que plusieurs chasseurs considèrent «trop dure». Toujours avec des poudres spéciales, j’ai chargé des cartouches de .260 Rem. avec une balle TSX BT de 120 grains à une vélocité à la bouche de 1880 pi/s (1696 pi/s à 100 verges). Pour donner une idée comparative, cette vitesse de test d’impact dans mon arrêtoir correspondrait à la vélocité résiduelle lors d’un impact sur un gibier à une distance de plus de 500 verges lors de l’utilisation d’une charge habituelle.



On peut voir le résultat de ce dernier test ci-dessus, mais même si les pétales en X de la pointe creuse de cette balle de cuivre ne se sont ouverts que partiellement (expansion de 113 % par rapport au diamètre original de la balle), le diamètre maximal de fracture dans le papier des annuaires du bloc a été de plus de 2 po, ce qui témoigne d’un effet d’onde de choc non négligeable (on pourra comparer ces résultats avec ceux de la même balle propulsée à vitesse normale dans le même calibre, plus haut dans cet article).
Bien sûr, un impact à de telles vélocités réduites relèverait de conditions de tir à des distances extrêmes pour ce calibre modeste, mais même dans ce cas le projectile n’aurait pas perdu toute efficacité de performance terminale, ce qui à mon avis en dit long sur la capacité d’expansion de ce type de balle que certains chasseurs semblent craindre à tort.


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