MICROMOUVEMENTS, MAXI-CAPTURES…
De légers déplacements sur la glace sont parfois suffisants pour augmenter votre succès de pêche.
L’adage qui dit que 90 % des poissons vivent dans 10 % de la surface d’un plan d’eau représente un cliché populaire. Bien qu’il s’agisse de chiffres spéculatifs, le message important à retenir est qu’il y a plusieurs endroits totalement improductifs dans un lac. Et c’est particulièrement vrai durant l’hiver, alors que dorés, perchaudes, crapets, brochets et plusieurs autres espèces se regroupent dans des secteurs spécifiques pour hiverner.
Les pêcheurs sur glace à succès connaissent cette réalité et ils adoptent la plupart du temps une approche mobile leur permettant de découvrir les meilleurs endroits en perçant de nombreux trous et en utilisant l’équipement électronique pour éliminer les zones improductives.
Le sujet du présent article cible donc les petits mouvements qu’un pêcheur peut effectuer dans un secteur donné lorsqu’un groupe de poissons actifs a été découvert. Il s’agit d’une stratégie d’approche en finesse qui consiste à percer des trous pour déterminer avec précision les meilleurs endroits, ceux regroupant le plus de poissons et possiblement les plus gros.
Parfois, j’appelle cette méthode la pêche en carrousel, parce qu’il est fréquent de tourner en rond au-dessus d’un haut-fond ou d’un plateau lorsque l’on suit une bande de dorés ou de perchaudes en chasse. Par contre, ces déplacements fins ne se font pas toujours en tournant en rond. Quand on « travaille » une pointe par exemple, on comprendra que les déplacements seront alors plutôt linéaires. Voici donc un regard sur plusieurs situations où de petits changements de positions pourront rapporter gros.
Intercepter les dorés en déplacement sur un plateau
Le terme plateau est un peu trompeur, car il fait penser à une zone au fond plat et uniforme, mais en réalité un plateau contient plusieurs éléments attractifs pour les poissons ; ces derniers sont simplement subtils. Se positionner au-dessus de ces petites zones productives représentera donc la clef du succès.
Après avoir localisé les poissons, l’étape suivante consistera souvent à percer plus de trous pour découvrir ce qui les attire, comme une crête de roches, une zone de transition entre le sable et le gravier grossier, une légère tranchée, de petits bosses ou d’autres micro-structures utilisées par les dorés pour chasser ou voyager d’une zone à une autre. Le courant et la présence de poissons fourrage sont d’autres facteurs qui influencent aussi les déplacements des percidés.
Le sonar devient alors d’une aide précieuse. J’ai déjà dit à un ami lors d’une sortie de pêche dans la baie de Quinte au lac Ontario : « Si tu ne détectes pas de poissons sur le sonar, tu dois te déplacer. » Pourtant, je venais de prendre deux beaux dorés à la dandinette à moins de 10 m de sa position lorsque je lui ai dit ceci. Il a donc aussitôt percé une série de trous de l’autre côté de moi, et après s’être remis à dandiner son leurre, il n’a pas tardé à faire quelques belles prises.
Le principe d’effectuer des micro-mouvements pour intercepter les dorés s’applique autant sur de plus petits lacs que sur de grands plans d’eau. Sur des lacs fertiles et peu profonds que je fréquente, les dorés voyagent sur des plateaux adjacents à des secteurs d’eau moins profonde et parsemés de végétation. Les plantes poussent jusqu’à une profondeur d’environ 12 pi (3,6 m), puis laissent place à un fond dégarni d’une profondeur d’environ 15 pi (4,5 m) qui forme un grand plateau d’une dimension équivalente à un terrain de football et demi.
Les meilleurs secteurs sur ce plateau se retrouvent autour de monticules isolés et autres irrégularités le long du talus herbeux que j’ai pris soin de délimiter avec mon GPS avant la prise des glaces. Même avec des points de repère GPS, de légers déplacements et le perçage de plusieurs trous supplémentaires sont habituellement nécessaires pour repérer précisément le couloir de déplacement des dorés et ultimement les inciter à mordre aux leurres.
Cibler des dorés qui se déplacent sur un grand plateau et réussir à les capturer est souvent une question de timing. Lorsqu’ils se déplacent activement à la recherche de nourriture, on ne dispose souvent que d’une courte fenêtre de temps pour les attirer vers notre présentation. Dans ce cas, j’aime bien utiliser des leurres bruyants avec une large action comme le Rippin’ Rap de Rapala, ou les cuillères Buck-Shot de Northland et Vibrato de Sebile. Les cuillères produisant beaucoup d’éclats de lumière avec une action incluant roulades et culbutes, comme la Ice Jig de Williams et la Cast Champ de Luhr-Jensen, sont aussi excellentes.
Je dandine mon leurre à une profondeur pouvant varier de 1 à 8 pi (0,3 à 2,4 m) du fond. Plus le leurre est haut dans la colonne d’eau, plus il sera visible aux yeux des poissons. Ceci dit, il m’arrive aussi de laisser choir le leurre au fond. Ceci crée un soulèvement des sédiments et s’avère efficace pour attirer les dorés.
Positionnement précis pour perchaudes en chasse
Les approches mentionnées précédemment pour capturer les dorés sur les plateaux peuvent aussi s’appliquer pour déjouer des bancs de grosses perchaudes s’alimentant sur des poissons fourrage. On doit alors simplement réduire la taille des leurres et appâts.
Les micro-mouvements demeurent utiles lorsque les perchaudes se nourrissent sur le fond en fouillant carrément avec leur nez dans la vase à la recherche de créatures benthiques. Mais contrairement aux rassemblements de dorés en chasse qui s’agitent sans cesse, les perchaudes qui mangent sur le substrat se déplacent lentement. Elles me font un peu penser à des vaches qui broutent dans un champ.
Il ne faut pas avoir peur de faire beaucoup de trous lorsqu’on pêche sur un plateau pour espérer localiser les perchaudes en mode alimentation. En effet, quand elles se nourrissent d’invertébrés au fond, elles ne sont habituellement pas très enclines à se déplacer sur de longues distances pour attaquer un leurre. Vous devez présenter l’offrande très près d’elles pour être dans leur zone d’attaque et les inciter à mordre.
De petits déplacements aident aussi à découvrir les endroits accueillant le plus de perchaudes et les plus grosses, ceci parce que certains sites sur les plateaux concentrent mieux la nourriture et les perchaudes que d’autres endroits. À titre d’exemple, une dépression sur un plateau retient mieux la matière organique qui, par ricochet, contribue à concentrer les invertébrés et à attirer les perchaudes affamées. Percer beaucoup de trous, effectuer de petits déplacements et bien étudier les pr ofondeurs avec un sonar vous aideront à découvrir ces endroits richesen nourriture.
L’algue Chara est aussi à rechercher lorsqu’on pêche sur les plateaux. Les écrevisses adorent cette plante et les grosses perchaudes adorent les écrevisses. Elle est facile à voir quand on pêche en eau très claire et peu profonde, simplement en regardant dans les trous. Souvent, je fais de petits déplacements en perçant de nombreux trous jusqu’à ce que je découvre la bordure d’une touffe de Chara. La zone de transition entre cette plante et un fond de sable représente souvent un corridor de déplacement et une zone d’embuscade pour les petits percidés. En eau plus foncée et profonde, une caméra sous-marine pourrait être bien utile pour découvrir ces zones de végétation. Les équipements électroniques sont compacts et faciles à transporter et réduisent le nombre de trous à percer.
Lorsque les trous « chauds »deviennent « froids »
Une note concernant le recyclage des vieux trous : bien qu’il s’agisse d’une approche efficace durant le jour, dandiner des leurres dans de vieux trous peut représenter une approche très productive lorsque les poissons deviennent actifs et commencent à voyager vers leur zone d’alimentation.
Le réveil des dorés en fin de journée en est un bon exemple. Au coucher du soleil, les poissons vont souvent commencer à se nourrir avec agressivité en profondeur, tout en se déplaçant progressivement vers les secteurs et les structures moins profonds à mesure que la brunante s’installe. Le plateau auquel j’ai fait référence précédemment est bon durant la journée jusqu’au coucher du soleil. Toutefois, les dorés pénètrent dans les zones de végétation moins profondes en fin de journée se nourrir de perchaudes et de menés, et c’est alors que le fait de disposer d’un bon nombre de trous percés préalablement à la période d’activité facilite les ajustements fins permettant de suivre les dorés dans leurs mouvements.
Bien sûr, il n’y a pas de règles absolues dans la pêche. La manière dont les poissons se comportent a beaucoup à voir avec le genre de structure près de laquelle ils se retrouvent, ainsi que le type de proies du moment. Je me souviens d’une grande structure en dos de cheval, sur un lac où mon partenaire de pêche et moi avions utilisé la méthode des micro-déplacements durant la période de frénésie alimentaire des dorés en fin de journée, pour intercepter un banc de gros poissons chassant en bordure de la structure dans une profondeur de 25 à 27 pi (7,6 à 8,2 m).
De la même manière, lors de plusieurs sorties de pêche à la marigane, réutiliser de vieux trous productifs au-dessus de plateaux de profondeurs moyennes à grandes, ou sur de longues pointes, nous a souvent aidés à suivre les bancs et à capturer plus de poissons. Lorsque l’on pêche en groupe, on peut aussi utiliser une approche en éventail pour bien suivre les bancs de poissons et connaître leur direction. Par la suite, on se rapproche de l’action et on en profite jusqu’à ce que le banc se soit encore déplacé.
Encore une fois, tout dépend beaucoup de l’espèce ciblée et de l’endroit où elle se nourrit. L’important est de ne pas se complaire lorsqu’on ne prend pas de poisson et de se déplacer en conséquence.
Ne partez pas: vous pouvez faire mieux !
La maxime du pêcheur de ne jamais quitter un site productif pour trouver d’autres poissons ailleurs (don’t leave fish to find fish) nous rappelle l’importance des petits déplacements. Pourquoi laisser un secteur qui a permis plusieurs captures précédemment avant de l’avoir explorer plus en profondeur ?...
De plus, considérez le fait qu’il est rare de percer des trous exactement au-dessus d’un bon secteur de pêche lorsqu’on est en mode exploration en couvrant beaucoup de terrain (de glace, devrais-je dire). Il est plus coutumier de percer des trous à proximité d’un bon secteur et de capturer des poissons qui se déplacent en périphérie.
Prenez une structure isolée, comme un tronc d’arbre submergé par exemple. Les mariganes, les crapets et les perchaudes(et même parfois les dorés) sont souvent associés à ce genre d’abri sous la glace. Les mariganes en particulier se tiennent souvent en suspension autour des arbres morts, mais à d’autres occasions elles pourront aussi trouver carrément refuge à l’intérieur des branches. Dans ce genre d’endroits, les micro-mouvements permettent de bien disséquer la structure (l’arbre mort ici), un peu comme lorsqu’on effectue de nombreux lancers avec la technique du flipping durant l’été pour capturer un achigan à grande bouche terré sous un tronc d’arbre.
Lorsque je pêche au-dessus d’un arbre mort submergé, je m’attarde au pourtour des branches avec de petits poissons nageurs sans bavette (devons vibrants) et des cuillères pour attirer les poissons actifs. Ensuite, je m’approche de l’arbre avec des dandinettes et de petits corps de plastique souple de finesse, tout en essayant d’éviter d’endommager la perceuse ainsi que les accrochages du leurre.
Une approche méthodique par petits déplacements permet aussi aux pêcheurs de rejoindre les dorés en mode neutre qui se tiennent le ventre collé au fond le long de grandes pointes de roches, ou de hauts-fonds loin des berges en mi-journée. Réussir à capturer ces poissons implique de pouvoir placer le leurre très près d’eux dans une toute petite fenêtre d’attaque. Percer de nombreux trous à différents endroits dans des profondeurs variant de 16 à32 pi (5 à 10 m) représente une bonne façon de commencer à explorer ce type de secteur pour maximiser les captures.
Éloignez-vous du bruit
Ce n’est pas un secret, les poissons se déplacent pour éviter les bruits se déroulant au-dessus de leur tête, et particulièrement dans les zones peu profondes. Il s’agit d’ailleurs d’un scénario que j’ai observé à de nombreuses reprises l’an dernier alors que je testais le nouveau sonar à balayage Panoptix LiveScope de Garmin.
À une de ces occasions mon ami et moi pêchions un plateau peu profond à la recherche de mariganes. Au premier trou, j’ai descendu la sonde de mon appareil pour observer jusqu’à une distance de 70 pi autour de nous, ce qui m’a permis de localiser plusieurs poissons à une vingtaine de pieds (environ6 m) de distance à notre gauche. Nous nous sommes alors dirigés vers l’endroit pour y percer un trou avec une perceuse électrique très silencieuse. En descendant à nouveau la sonde, nous avons alors constaté que les poissons s’étaient déplacés d’une trentaine de pieds (environ 9 m) à notre droite…Même si nous avions essayé d’être le plus silencieux possible, nous les avions tout de même apeurés. Pour contre carrer cette réalité, nous effectuons le moins de trous possible, nous nous déplaçons doucement et nous donnons le temps aux poissons de se replacer après avoir fait un peu de bruit. Les poissons reprennent habituellement leur activité assez rapidement après que le bruit a cessé.
À une autre occasion, lors d’une pêche de début de saison, j’ai vécu le même genre de scénario en pêchant sur un lit d’herbe dans une profondeur de 10 pi(3 m) à la recherche de dorés. Alors que je dandinais un Rippin’Rap de Rapala, j’ai aperçu sur l’écran du sonar un poisson agressif approchant rapidement. J’en ai alors fait part à mon ami qui s’est aussitôt dirigé vers moi pour observer le sonar. Dès qu’il a commencé à marcher, le poisson s’est arrêté et a pris la direction opposée.
Ces deux exemples démontrent à quel point les poissons peuvent être méfiants quand ils évoluent à faible profondeur sous la glace. Donc, tout en demeurant mobile lorsqu’on adopte une approche par petits déplacements pour suivre un banc de dorés, il faut aussi garder en tête que le bruit peut devenir notre pire ennemi. Pour effectuer ces subtils mouvements sur la glace, je laisse la luge ou mon abri sur place et je me déplace lentement à pied avec mon sonar d’une main et ma canne de l’autre.
À faible profondeur, gardez à l’esprit qu’il faudra parfois être plus patient pour laisser le temps aux poissons de revenir. Les poissons évoluant en profondeur sont moins affectés par le bruit au-dessus de leur tête et on peut alors se déplacer un peu plus rapidement. Par exemple, les grands prédateurs comme le brochet, mais ce n’est pas toujours le cas, et à certaines occasions ils pourront aussi fuir au moindre bruit.
Cet hiver, essayez de faire de petits déplacements pour bien disséquer une zone propice. Le positionnement fin de vos trous représente une excellente stratégie pour découvrir les meilleurs endroits, capturer plus de poissons et de plus gros…