Destination pêche blanche - La Baie Missisquoi
Venez découvrir un endroit poissonneux et accessible pour tous les amateurs de pêche.
Reconnu comme un des plus vastes plans d’eau en Amérique du Nord, le lac Champlain est très grand, et même si son étendue se situe essentiellement aux États-Unis, la partie nord de cet immense lac se trouve au Québec et représente la baie Missisquoi. Cette baie est la plus grande de ce lac qui en compte au total 114.
En hiver, elle se recouvre rapidement de glace, et dès janvier les centres de pêche ouvrent leurs passages au lac et poursuivent leurs opérations jusqu’en mars. Plusieurs milliers de pêcheurs sur glace s’y rendent chaque saison, ce qui en a fait une des destinations de pêche blanche les plus populaires au Québec depuis plus de 50 ans.
Un peu d’histoire…
Cette baie a été creusée par les glaciers il y a 18 000 ans, puis par la fonte et l’assèchement de la mer de Champlain, il y a environ 8000 ans. Sa profondeur moyenne est de 2,8 m (9 pi) et sa profondeur maximale est environ 4,75 m (15,5 pi). Elle possède une superficie totale de 77,5 km2, dont environ 45,8 km2 au Québec et son fond est composé de dépôts aquatiques régionaux. Les eaux de la baie se drainent vers le sud dans le lac Champlain, puis la rivière Richelieu au nord.
Jusqu’à la fin des années 2000, l’eau de la baie était stagnante et cette partie du lac se mourait, contaminant de larges portions américaines du lac délimitées par de nombreux remblais de chemins de fer désaffectés. Lors de l’ouverture du nouveau pont du côté américain, entre East Alburg et Lakewood, l’ancienne route sur digue fut en partie démolie, ce qui a permis à la débâcle printanière et lors de fortes pluies un certain écoulement des eaux jusqu’au grand lac Champlain, c’est-à-dire environ 46 km au sud de la baie Missisquoi. Ce flux reste cependant ralenti par les emprises ferroviaires.
La baie est principalement alimentée par trois cours d’eau : la rivière aux Brochets, la rivière Missisquoi et la Rock River. Seule la rivière aux Brochets se déverse du côté québécois.
Réputée pour la pêche blanche
La pêche blanche sur ce plan d’eau a débuté dans les années 1940, et à cette époque les propriétaires de cabanes les déplaçaient avec l’aide de chevaux. Quelques années plus tard, soit dans les années 1960, quelques entreprises de centres de pêche ont fait leur apparition, dont entre autres Chez Miller, Courchesne et Chez Lachance qui sont toujours opérationnelles à ce jour.
Durant les saisons suivantes, plusieurs centaines de cabanes se sont réparties sur la baie Missisquoi. D’ailleurs, mes parents ont commencé à pratiquer la pêche blanche à Philipsburg au début des années 1970, et au milieu de cette décennie, alors que j’étais un jeune enfant, nos weekends étaient consacrés à cette activité. C’est ainsi qu’a débuté ma passion pour la pêche blanche qui perdure depuis plus de… 45 ans !
Une baie poissonneuse
La baie Missisquoi abrite une grande diversité de poissons, et selon un recensement établi il y a quelques années, 47 espèces ont été identifiées dans ce plan d’eau. L’espèce la plus populaire est évidemment la perchaude. Autrefois, elle était très abondante, et jusqu’aux années 1990, elle pouvait être capturée en grand nombre, car aucun quota n’existait pour cette espèce. Il n’était pas rare de rencontrer des pêcheurs avec plus de 200 à 300 perchaudes en leur possession.
Par la suite, la population et la taille de ce populaire poisson avaient diminué considérablement, mais au cours des dernières années elles ont recommencé à augmenter. La limite de prises établie à 50 perchaudes il y a plus de 20 ans a grandement aidé à la survie de cette espèce. La taille moyenne des perchaudes semble relativement petite à travers la baie, mais les pêcheurs réussissent à obtenir assidûment de l’action sur leurs lignes. Tout de même, quelques belles « palettes » sont capturées régulièrement.
La baie Missisquoi contient aussi une généreuse population de brochets, et il n’est pas rare de capturer plusieurs de ces carnassiers lors d’une sortie; de gros spécimens sont aussi capturés à l’occasion durant la saison. L’achigan à petite bouche et l’achigan à grande bouche sont également présents dans ce plan d’eau et il est possible d’y capturer de très gros sujets, particulièrement à la fin de l’hiver alors que les achigans deviennent de plus en plus actifs. La meilleure période pour viser cette espèce à mon avis est le mois de mars. Enfin, depuis environ 25 ans, la perche blanche (baret) s’est établie en abondance dans la baie Missisquoi, et favorisée par ce milieu eutrophe, elle s’est adaptée très rapidement.
La partie sud au Vermont
La baie Missisquoi est divisée entre le Québec et le Vermont, mais la partie américaine de la baie a une superficie beaucoup plus petite. Plusieurs pêcheurs du Québec traversent la douane afin de pêcher cette partie de la baie au Vermont, et ce qui motive les pêcheurs québécois sont évidemment les règlements très différents des nôtres. En premier lieu, la pêche avec des menés vivants est permise par le Département de la chasse et de la pêche du Vermont et la règlementation permet à chaque détenteur d’un permis de pêche du Vermont d’avoir 15 lignes à l’eau.
D’ailleurs, on retrouve un commerce d’appâts vivants (bait shop) très populaire à Highgate Spring, le Martin’s General Store, qui offre divers appâts et équipements de pêche sur glace. De plus, deux accès publics à la baie Missisquoi se trouvent à quelques minutes seulement de ce petit magasin. Dans le village de Highgate Spring, il y a un stationnement public avec rampe de bateau sur Shipyard Road, et un autre stationnement public sur Spring Street (Route 7) à Rock River Public Boat Launch. Ces deux accès publics gratuits sont à seulement quelques kilomètres de la douane Saint-Armand/Philipsburg.
Pour les espèces les plus communes, la pêche de la perchaude et du brochet est ouverte à l’année, mais il y a une règle de taille minimum de 20 pouces pour conserver un brochet du nord. Quant au doré, sa pêche ouvre le premier samedi de mai et ferme le 15 mars de l’année suivante, et une longueur minimum de 18 pouces doit être respectée pour conserver cette espèce.
Attention ! Lors du passage à la douane, un maximum de 10 poissons morts non éviscérés par personne peut entrer au Canada. Enfin, il ne faut pas oublier qu’il est obligatoire de se procurer un permis de pêche de l’État du Vermont. Différents forfaits sont disponibles, dont le permis journalier au coût de 21 $ US.
Les services en pourvoirie
Les pourvoyeurs offrent divers services pour tous les types de pêcheurs. Tout d’abord, c’est à partir de ces points de service que vous pouvez accéder à la surface glacée, car la majorité des terrains le long des berges sont privés. Le coût d’entrée est environ 12 ou 13 $ par voiture pour un accès journalier. Certains pourvoyeurs offrent un forfait d’accès pour la saison entière. Pour votre confort, les centres de pêche offrent la location de nombreuses cabanes à pêche. Le coût est journalier et varie selon les dimensions de celles-ci ; par exemple, une cabane 8 x 10 pi pour 4 à 6 personnes coûte entre 80 $ et 100 $. Cette superficie de cabane est la plus populaire auprès des pêcheurs.
Certaines pourvoiries offrent différentes dimensions de cabanes dans leurs forfaits, notamment chez Activité Plein air à Philipsburg, où vous pouvez louer une cabane de 10 x 16 pi pour 15 à 20 personnes au prix approximatif de 225 $. Dans la semaine, certains pourvoyeurs offrent des réductions de prix. Fait intéressant ! Lorsque vous louez une cabane, généralement, le forfait inclut l’accès pour une voiture, un peu de bois de chauffage, un nombre limité de trous, des appâts et des brimbales. Enfin, si vous avez loué une cabane et que la glace n’est pas sécuritaire pour soutenir les déplacements en automobile, les pourvoyeurs offrent un service de navette en VTT ou en motoneige.
Mené mort ou ver de terre ?
Depuis l’interdiction d’utilisation du mené vivant en avril 2017, plusieurs
adeptes de cette technique de pêche traditionnelle ont abandonné la pêche blanche à la baie Missisquoi, ce qui a entraîné une baisse drastique des activités, notamment durant la semaine. En contrepartie, la clientèle des weekends, particulièrement les groupes familiaux, amicaux ou les divers groupes sociaux, est demeurée toujours aussi présente et a su s’adapter à cette nouvelle règlementation…
La brimbale a toujours été très populaire auprès des pêcheurs sur glace, mais depuis la saison 2017-2018, les adeptes ont dû utiliser le mené mort ou le ver de terre afin de continuer à employer cette méthode traditionnelle. Après trois saisons d’activités et plusieurs discussions auprès des pêcheurs et pourvoyeurs, j’ai constaté que le ver de terre est
désormais l’appât idéal pour viser les perchaudes à la brimbale. Certains pêcheurs mentionnent même qu’il serait aussi efficace que le mené vivant pour capturer cette espèce.
Il y aurait un intérêt particulier qui se serait développé pour cet appât,
car il permet de capturer différentes espèces, notamment, le crapet-soleil, le baret, la marigane noire, le crapet de roche, l’achigan, et parfois même la barbotte. Pour les pêcheurs occasionnels et les enfants, ces espèces sont de véritables petits bonus qui viennent agrémenter leur sortie de pêche. Pour les adeptes de pêche au brochet, le mené mort est l’appât idéal. Ce poisson est un véritable prédateur qui peut s’attaquer à des proies du tiers et même de la moitié de sa propre taille. Pour se procurer des poissons appâts, les pourvoyeurs se feront un plaisir de vous conseiller sur la taille à utiliser selon l’espèce visée.
Les méthodes de pêche
En considérant les espèces les plus communes, il n’est pas nécessaire d’être un expert pour réussir à les capturer, mais j’énumère ci-dessous quelques conseils particuliers en regard de ces principales espèces.
La perchaude
Comme mentionné plus haut, cette espèce est la plus populaire auprès des pêcheurs de la baie Missisquoi. Ce poisson se déplace bien souvent en regroupements de plusieurs individus et il peut se nourrir toute la journée, mais l’avant-midi est généralement la meilleure période. Pour ce qui est des périodes de la saison, le début et la fin d’hiver sont les meilleures. Si vous avez la chance de cibler un banc de perchaudes, vous aurez sans aucun doute beaucoup d’action.
La brimbale appâtée d’un ver ou d’un mené mort est efficace. Toutefois, la pêche à la dandinette avec une petite cuillère ou une «bibitte» est très fructueuse. Je vous recommande de garnir votre leurre d’un petit appât olfactif comme un bout de ver, une tête de mené, un asticot ou un œuf artificiel. Il existe aussi des gels olfactifs très efficaces qui rendront votre présentation plus attractive.
En fin de saison, si vous avez la possibilité de vous déplacer en VTT ou en motoneige sur le lac, les secteurs du côté canadien en face de Hog Island au Vermont, appelée aussi l’île au cochon, et le secteur faisant face à l’embouche de la rivière Missisquoi sont d’excellents endroits pour obtenir de l’action. Cependant, assurez-vous de ne pas traverser la frontière si vous ne possédez pas de permis du Vermont. Si vous n’êtes pas équipé d’un petit véhicule léger, il est toujours possible de se déplacer à pied jusqu’à ces secteurs en accédant par Chez Miller.
La perche blanche (baret)
Le baret n’est pas une espèce indigène du lac Champlain, ce poisson ayant été introduit en 1984 par le canal Champlain, à l’extrémité sud du lac aux États-Unis. C’est au milieu des années 1990 que le baret s’est établi dans les eaux de la baie Missisquoi et la croissance de cette
population a été très rapide. Lors de son invasion, la pêche pour cette espèce était devenue incroyable et tous les pêcheurs capturaient à profusion ce petit nouveau. Aujourd’hui, la population de perches blanches s’est stabilisée à un niveau disons plus normal. C’est un poisson plaisant à capturer, les méthodes de pêche sont semblables à celles pour la perchaude et les combats avec de gros spécimens sont excitants. Pour les consommateurs de poisson, le baret est très apprécié pour sa chair savoureuse.
Le brochet
Ce prédateur grandement réputé pour ses combats foudroyants est présent en grand nombre dans la baie Missisquoi. Après la perchaude, le brochet est probablement le poisson le plus visé par les pêcheurs de ce cours d’eau et il arrive régulièrement qu’ils le capturent
accidentellement lorsqu’ils pêchent la perchaude. Si le but de votre sortie est de pêcher ce carnassier, les techniques diffèrent des autres espèces. Tout d’abord, il est important d’utiliser un modèle de brimbale avec dévidoir afin de laisser le brochet se déplacer librement avec sa proie après l’attaque.
Pour le montage, je vous propose le Quick Strike Rig, un montage composé de deux hameçons triples avec lesquels vous piquez le poisson appât mort à deux endroits sur la partie dorsale, le premier près de la nageoire caudale (queue) et l’autre près de la nageoire dorsale. Il s’agira ensuite de présenter l’appât à l’horizontale et de le faire évoluer entre 1 et 5 pieds au-dessus du substrat. Ce montage conçu pour y attacher un gros poisson appât est très efficace pour viser les brochets.
Le doré
Devenu rare dans les années 1990 et 2000, les dorés sont de plus en plus présents dans la baie Missisquoi. Cela s’explique par les nombreux ensemencements effectués dans le passé dans les tributaires américains du lac Champlain, notamment dans la rivière Missisquoi au Vermont, tout juste de l’autre côté de la frontière. La baie n’est pas réputée pour la pêche de cette espèce, du moins pour l’instant, mais depuis une décennie il arrive régulièrement que ce percidé soit capturé par les pêcheurs sur glace.
L’achigan
Le lac Champlain est très réputé pour ses populations d’achigans à petite et à grande bouche, et selon un magazine américain, il est même classé parmi les cinq meilleurs aux États-Unis à ce chapitre, et la baie Missisquoi n’y fait pas exception. Peu populaire à la pêche blanche au Québec, l’achigan devient amorphe et peu actif durant l’hiver. Toutefois, lorsque le printemps est à nos portes, ce puissant combattant augmente ses activités d’alimentation. Ainsi, au mois de mars, il est très fréquent de capturer des achigans.
Si le but est de pêcher cette espèce, à partir de votre carte bathymétrique, il faut repérer les petits hauts-fonds ou amas de roches dans une profondeur de 10 pi environ. Si vous capturez un spécimen, il est fort probable que plusieurs autres individus rôdent près de la structure, et je vous recommande de percer quelques trous supplémentaires dans votre secteur. Pour viser cette espèce en eau froide, j’affectionne les petits leurres aux couleurs pâles. Parmi mes préférés, le Doodle Bug de Northland Fishing Tackle et le Jigging
Rap de Rapala. Vous pouvez y ajouter un petit oeuf artificiel ou un asticot afin de répandre une odeur olfactive, et personnellement j’expose mon leurre à 1 pied (30 cm) du fond. Généralement, l’attaque d’un achigan n’est pas violente, mais les combats demeurent très excitants !
Une destination pour tous !
À moins d’une heure de Montréal, la baie Missisquoi est devenue une destination très populaire pour tous les types de pêcheurs et amateurs de plein air. Durant les années 1990 et début 2000, les hivers ont été doux avec des températures plus chaudes que la normale, ce qui a fait diminuer la passion pour la pêche blanche pendant quelques années. En revanche, au cours des dernières années, les hivers sont beaucoup plus froids et la pêche sur glace est devenue une activité très intéressante sur cette vaste étendue d’eau.
Amateurs passionnés, pêcheurs en famille ou entre amis, jeunes ou moins jeunes, tout le monde y trouve son compte. Plusieurs entreprises, écoles et associations s’y rendent afin de passer une journée de plaisir à savourer les joies de l’hiver. Outre la pêche, les gens pratiquent diverses activités, comme le patinage, les promenades en VTT ou en motoneige, la marche, etc. Le coût peu élevé pour une journée en plein air a fait augmenter la popularité de la pêche hivernale… maintenant très courue!
Si vous n’avez jamais pêché sur la baie Missisquoi, je vous incite fortement à y aller ! Réputée pour être un des plus beaux plans d’eau au sud de la région métropolitaine, cette baie représente un attrait majeur pour la pêche blanche.