Volet 1 Suggestions de modèles par espèces
Leurres et techniques à employer pour connaître du succès à la pêche de finesse.
Pêche à l’ultra-léger, pêche aux petits leurres et pêche de finesse sont toutes des expressions pour traduire une façon bien particulière d’aborder notre loisir préféré. De plus en plus populaire, ce type de pêche gagne à être connu et son nombre d’adeptes est en constante augmentation. Pratiquée au Japon et en Russie, répandue de l’Europe occidentale jusqu’au Midwest américain, utilisée tant en eau libre que sur la glace, cette forte tendance influence même les fabricants de leurres à s’investir dans le développement d’imitations réalistes de petites proies afin d’aider les pêcheurs à capturer quantité et qualité de poissons de toutes sortes.
La pêche de finesse comporte certains avantages, dont le principal est son efficacité redoutable. Il est vrai que de coutume, le pêcheur devrait ajuster la taille de son leurre en fonction du poisson ciblé. Par contre, force est d’admettre que de façon générale, les poissons de toutes les espèces sont des prédateurs opportunistes. Peu importe la grosseur de la proie, si cette dernière se présente près du lieu où ils se cachent, ils n’hésiteront pas à gober un repas facile et à s’attaquer à un petit intrus qui viole les limites de leur territoire.
Un autre gain que peut faire le pêcheur en pêchant petit est d’augmenter les sensations lors de la manipulation du leurre. La pêche avec un équipement léger permet de percevoir les contacts avec chaque petit caillou, chaque petite algue, ainsi que la plus subtile des touches. Les sensations de l’environnement où nage le leurre, communiquées au pêcheur via la canne et le fil à pêche, aident à rendre les présentations plus naturelles et plus subtiles. Avec l’expérience, ce meilleur contrôle de l’appât associé avec la perception de la plus délicate des morsures se traduit par des poissons moins méfiants et des ferrages davantage réussis.
Également, la puissance des combats offerts par le poisson, même les plus petits d’entre eux, se retrouve décuplée lorsque l’on pratique la pêche de finesse. Soyons honnêtes, malgré la recherche insatiable du poisson d’une vie, la plupart de nos captures figurent davantage dans la moyenne par espèce.
Des ombles de fontaine d’une longueur de 7 ou 8 pouces forment la majeure partie des prises de cette espèce si recherchée et de nombreux achigans à petite bouche d’environ une livre viennent attaquer les leurres des pêcheurs chaque été. Les adeptes mènent aussi à l’épuisette des dorés d’une taille de 13 ou 14 po beaucoup plus fréquemment qu’ils n’oseraient l’avouer, sans oublier les fameux « manches de marteaux », ces brochets de 2 ou3 lb qui se jettent corps et âme sur de grosses ondulantes ! Mais imaginez un instant que ces poissons moyens aient tous été capturés sur du matériel ultra-léger… Imaginez les puissants combats qu’auraient pu offrir ces prises intermédiaires !
Les leurres
À la question de savoir quelles offrandes peuvent être considérées dans la catégorie des leurres de finesse, je réponds:« Tout dépend de l’espèce visée ! » Par exemple, lors d’une partie de pêche à l’omble de fontaine, les modèles de moins de 2 po en longueur ou d’environ1/16 oz en poids sont pour ma part considérés comme de petits leurres.
Lorsque je veux pêcher en finesse ce poisson emblématique, il est rare que mes coffres ne soient pas remplis de petites têtes de dandinette allant de pair avec de minuscules leurres souples, comme les Micro Crayfish ou les Nymph de Mister Twister, sans oublier les populaires Power Nymph de Berkley dans des teintes plutôt naturelles. De plus, je ne pars jamais sans avoir avec moi quelques cuillères ondulantes de petits formats, comme les Mepps Syclops qui sont aussi offertes avec des hameçons simples, ce qui peut faciliter l’ajout d’un appât quand la pêche est difficile. Tant au lancer qu’en présentation verticale, et ce, en toute saison, ces deux types d’offrandes ont fait leurs preuves.
Si je cible le doré ou l’achigan à petite bouche, deux poissons qui cohabitent souvent, particulièrement dans le Saint-Laurent, un leurre considéré comme petit affiche à mon avis un poids de 1/8 oz ou moins et une longueur de moins de 3 po. Une tête de dandinette un peu plus volumineuse que celle utilisée pour la mouchetée, sur laquelle j’enfile un minuscule Berkley Ripple Shad d’une longueur de 2 po, représente un choix judicieux pour tromper ces deux prédateurs. Également, lorsque ramené lentement par saccades, un poisson nageur qui évolue entre deux eaux comme le Rapala Husky Jerk de 2 1/2 po attire dorés et achigans qui nagent en secteurs rocailleux. Les couleurs plutôt classiques Baby Bass et Gold ont été celles qui ont fait délier le plus de mâchoires.
Enfin, notre ésocidé préféré n’est pas en reste. Lorsque je vise cette espèce en particulier et que je désire expérimenter la pêche en finesse, je recherche des leurres qui font environ 3 po en longueur, ou entre 1/8 et 1/4 oz pour le poids. De petits spinnerbaits blancs de1/4 oz conçus pour la pêche à l’achigan m’ont valu des brochets avoisinant les10 lb. Ramenés lentement et de façon parallèle à une ligne d’herbe, les modèles qui arborent une seule cuillère ondulante de type Colorado (les plus larges) réussissent à faire réagir les brochets les plus récalcitrants. Enfin, n’oubliez pas les petits poissons nageurs appelés Wake Bait, avec leur bavette particulière placée à la verticale leur permettant une nage sinueuse en surface, qui attirent les brochets vers eux. Les Arbogast Jitterbug et les Berkley Wakebull sont deux représentants de cette catégorie de leurres particuliers.
Les techniques
Parmi les leurres mentionnés précédemment, la grande majorité s’utilisent facilement au lancer par une récupération à un rythme régulier. Par contre, certaines situations précises nécessitent davantage de savoir-faire. Voici quelques techniques qui ont fait leurs preuves lorsqu’elles sont utilisées avec de l’équipement ultra-léger et des leurres du même acabit.
Technique nº 1 : Pêche au flotteur coulissant avec petite tête de dandinette
Le doré et l’achigan sont les espèces principalement visées par cette technique. Celle-ci est recommandée lorsque le poisson évolue dans une eau peu profonde où le courant n’est pas très présent, mais où vos leurres risqueraient de rester prisonniers du fond rocheux. Tout d’abord, placez sur votre ligne le petit fil de couleur voyante (bobber stop) qui vient habituellement avec le kit de flotteur coulissant, en le glissant simplement à la hauteur désirée afin que votre leurre ne soit suspendu qu’à environ un pied du fond de l’eau.
Ensuite, insérez sur votre fil principal la petite bille dont la fonction est d’empêcher que le flotteur coulissant entre en contact directement avec le bobberstop que vous venez d’installer. Glissez ensuite le flotteur coulissant sur ce même fil, et nouez votre tête de dandinette légère (1/8 oz) à l’extrémité.
Pour le doré, j’ai obtenu du succès avec une dandinette miniature comme la Mister Twister Teenie de 2 po. La queue de l’artificielle bouge langoureusement, ce qui donne un peu de vie à cette présentation plutôt immobile. Pour l’achigan, c’est avec une minuscule dandinette habillée de poils que j’ai réussi à berner les poissons visés. Essayez de choisir une dandinette avec l’habillage de poils un peu plus long que l’hameçon pour que les fibres remuent de façon subtile, même en eau plutôt stagnante.
Avec des lunettes polarisées, on peut pratiquement pêcher à vue avec cette technique. En embarcation, on se promène lentement en longeant les rives du plan d’eau, tout en portant attention aux sites peu profonds jonchés de pierres et de roches, et lorsqu’on aperçoit un ou des poissons qui y nagent, on lance notre leurre et on le laisse immobile à l’endroit où il a amerri. Si rien ne se passe, on doit ramener le tout de façon très lente jusqu’au bateau, afin d’espérer faire réagir les poissons qui hésitaient.
Technique nº 2 :Pêche au toc avec un petit leurre souple
Avec cette technique, les espèces principalement visées sont le doré, l’achigan, l’omble de fontaine et la truite arc-en-ciel Je l’ai utilisée longtemps à la pêche à la mouchetée en rivière avec mon père, mais ce n’est que récemment que j’ai appris que cette façon de pêcher s’appelait la pêche au toc. C’est un confrère pêcheur venu de France qui m’adonné plus de détails sur cette manière efficace d’aller chercher du poisson.
Pour pêcher au toc il vous faut un bas de ligne plutôt transparent, comme du monofilament ou du fluorocarbone, une bonne variété de plombs pincés, ainsi que des hameçons de différentes grosseurs. Personnellement, j’utilise fréquemment la grosseur no 6 pour toutes les espèces mentionnées ci-dessus. Il faut donc attacher l’hameçon à notre ligne avec un nœud Palomar. Ensuite, on y place un leurre artificiel comme un petit Gulp! Minnow de 2 1/2 po pour le doré ou l’achigan à petite bouche, ou une imitation d’œuf de poisson Exude Roe de Mister Twister pour cibler davantage les truites. Ce dernier leurre est disponible en plusieurs couleurs assez voyantes, mais personnellement, c’est la couleur rose qui m’a valu le plus de morsures.
Finalement, il faut terminer le montage en ajoutant un ou des plombs pincés un peu plus haut sur la ligne. Étant donné que le plomb pincé doit amener le montage près du fond sans jamais y toucher, il vous faudra ajuster le nombre de plombs ainsi que le poids de chacun d’eux par essai et erreur. Il vous faudra donc trouver une fosse, vous positionner près d’elle et laisser couler naturellement le montage, en laissant le moulinet ouvert quelques instants pour que les plombs fassent bien descendre votre appât à la bonne profondeur. On ferme alors le moulinet et on attend deux ou trois minutes. Si aucun poisson n’est tenté par la proposition, ramenez lentement l’artificielle vers vous. Il arrive qu’un poisson qui fixait votre montage avec intérêt n’attende qu’un simple mouvement pour attaquer.
Technique nº 3: Marcheur de fond avec une petite cuillère
Les espèces principalement visées avec cette approche sont l’omble de fontaine et le doré. Ici, rien de compliqué, mais parfois le fait d’effectuer un changement mineur à un montage déjà éprouvé et que tout le monde connaît peut faire toute la différence entre une mauvaise et une bonne journée de pêche. Lorsque je pêche le doré ou l’omble de fontaine en lac, il m’arrive d’utiliser un marcheur de fond de petit format (les plus petits pouvant avoir un poids de1/2 oz) et de placer un émerillon ainsi qu’une cuillère ondulante très légère au bout d’un fil transparent d’une longueur de 24 à 48 po derrière mon marcheur de fond. Pour que ce montage obtienne l’effet escompté, il vous faudra l’utiliser à la traîne très lente, avec un moteur électrique de préférence.
Lorsque je vise l’omble de fontaine de cette façon, ma cuillère préférée est la Mooselook Wobbler Midget, d’une longueur de moins de 2 po pour un poids de 1/12 oz et de couleur orange fluorescent. Pour le doré principalement, je peux grossir un peu ma cuillère et choisir le modèle Junior de 2 1/2 po.
Technique nº 4 :Dérive en bateau en zone semi-profonde
Ici, le doré, l’achigan, l’omble de fontaine et le brochet sont les espèces principalement visées. Lorsque la journée de pêche se fait en zone de courant faible ou en présence d’une légère brise de vent, cette technique est redoutable et bien connue des pêcheurs de dorés. Il s’agit de s’approcher des zones poissonneuses et de laisser dériver son embarcation en passant près ou au-dessus de ces endroits propices en dandinant un leurre à la verticale sous le bateau. Il est certain que cette dérive se doit d’être contrôlée un tant soit peu par l’utilisation d’un moteur électrique pour que les présentations nagent correctement afin d’attirer les poissons ciblés et pour éviter les forts contacts avec les rochers.
Le pêcheur devrait essayer de donner au leurre un mouvement erratique. Donc, rien de constant : un gros coup de poignet pour faire remonter le leurre dans la colonne d’eau, le laisser redescendre lentement, ensuite deux petits coups secs… Il faut que l’imitation de proie ait l’air agonisante. Un devon vibrant (lipless crankbait) comme le Bill Lewis Tiny Trap, affichant une longueur de moins de 2 po, peut faire réagir les ombles de fontaine.
Ce même leurre offert en versions de2 1/2 ou 3 po chez Cotton Cordell (le Super Spot) pourra délier les mâchoires des dorés, achigans et brochets qui évoluent dans nos eaux québécoises. Enfin, une cuillère ondulante conçue pour la pêche sur glace, la Williams Ice Jig en petit format de 2 1/4 po (J50),devient une présentation inhabituelle qui peut surprendre tant le pêcheur que le poisson !
Technique nº 5 :Le mini-drop shot
Les espèces principalement visées par cette approche sont le doré, l’achigan, l’omble de fontaine et la truite arc-en-ciel. Le drop shot est une technique efficace qui consiste à nouer un hameçon simple sur la ligne principale à l’aide d’un nœud Palomar, en laissant dépasser une longueur de fil de 12 à 24 po afin d’installer un plomb à son extrémité. Après avoir installé un leurre souple sur l’hameçon, on lance le montage à proximité, dans le but que la présentation demeure la plus verticale possible. On laisse celle-ci immobile et on attend qu’un poisson se commette et vienne mordre cette proie facile.
La grande majorité des leurres souples conçus et vendus pour cette technique sont assez longs, car la grande queue flexible du leurre bouge au gré des courants subaquatiques, et malgré l’immobilité du montage, ces mouvements subtils attirent les poissons. Par contre, sachez que l’omble de fontaine peut mordre à ce montage si on remplace l’hameçon par une petite mouche qui imite un insecte aquatique.
Le doré et l’achigan peuvent attaquer la version mini-drop shot si on troque l’hameçon pour le Blakemore Live Shot N Small Fry. Ce petit leurre imite parfaitement une minuscule proie et peut attirer ces prédateurs de loin avec ses reflets argentés. Étant donné que ce leurre est aussi composé de poils, il s’agit de lui ajouter un peu de liquide attractif Powerbait ou Gulp ! Alive ! de Berkley et ainsi se donner un avantage supplémentaire, surtout en eau claire.
Technique nº 6 :La proie agonisante en surface
Les espèces principalement visées par cette approche sont l’achigan à petite bouche et le grand brochet. Encore une fois, l’idée ici n’est pas de réinventer une méthode éprouvée, mais plutôt de faire légèrement différent avec des leurres inusités que les poissons ne sont pas habitués d’apercevoir au quotidien.
Lorsque l’achigan à petite bouche est actif, l’utilisation d’un popper provoque des attaques spectaculaires et fait battre le cœur des passionnés de pêche qui ne jurent que par ces leurres. Parfois, lorsque le popper fétiche ne fonctionne pas à un endroit plutôt prometteur, on peut réduire la taille de l’offrande et ralentir sa présentation. Il existe de petits poppers utilisés pour attraper crapets et mariganes qui ne font pas plus de 1 po de longueur et qui arborent un peu de poils près de l’hameçon. Ramenée très lentement par saccades, cette imitation de petit insecte saura attirer les puissants achigans qui auraient pu bouder une proie plus volumineuse présentée de façon plus agressive.
Enfin, en eau peu profonde, deux options s’offrent aux pêcheurs de brochets qui veulent pêcher petit. La première est une combinaison assez efficace, soit celle d’une cuillère légère avec un leurre souple. Personnellement, mes choix s’arrêtent sur la Mooselook Wobbler couleur noir et orange avec une imitation de petite sangsue fixée sur l’hameçon triple. Ici, c’est autant le poids de la cuillère (1/6 oz pour le modèle Junior) que la longueur du leurre(2 1/2 po) qui en font un leurre de finesse. L’utilisation en plus de la sangsue artificielle ajoute un certain poids, mais surtout elle change une nage subtile en nage aguichante. Je ramène habituellement le tout de façon très lente avec un rythme régulier.
Un dernier leurre à ne pas oublier est le Rapala Weedless Shad. C’est une imitation de poisson d’une longueur de 3 po qui est de type sinking, ce qui signifie que le leurre a tendance à descendre vers les profondeurs du lac lorsqu’il est immobile. Par contre, lorsque le pêcheur ramène ce poisson nageur particulier par secousses à bonne vitesse, il demeurera toujours dans le premier pied d’eau, et avec sa nage très particulière due à sa bavette située à l’arrière, c’est un leurre à essayer dans les endroits encombrés puisqu’il est conçu pour être anti-herbe.
Conclusion
J’ai toujours eu le réflexe de suggérer à mes confrères pêcheurs d’utiliser le plus petit fil et le plus petit leurre possible pour réussir une pêche de quantité, tout en ouvrant une fenêtre d’opportunité à une pêche de qualité. Pour les combats épiques, pour son efficacité remarquable ainsi que pour le plaisir de manier de petits leurres de façon subtile et naturelle, la pêchetout en finesse devrait être sur la liste des nouvelles techniques à essayer à la prochaine saison par tous les pêcheurs québécois!
Le deuxième volet viendra clore le sujet de la pêche en finesse en abordant l’équipement requis ainsi que les bons moments et les bons endroits pour utiliser les nombreux leurres mentionnés ici.