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Un chasseur avec son coyote abattu

L’art de déjouer ce rusé canidé

1 février 2023

Conseils de première main afin de réussir votre chasse au coyote, activité qui peut sembler ardue au premier abord.

Qui parmi vous, ou peut-être vous-même, ne connaît pas quelqu’un qui pratique cette chasse ? Que ce soit pour l’aspect sportif ou dans un but de contrôle de prédation (ou même pour ces deux raisons réunies), les adeptes de celle-ci considèrent que le coyote représente un des prédateurs les plus rusés. Avec son odorat développé et son excellente vue, il est toujours difficile à approcher et à leurrer. Avec mes dizaines d’années d’expérience, j’aimerais vous faire partager quelques trucs et techniques pour vous aider à réussir l’approche qui vous permettra d’affronter avec succès ce prédateur.

Équipement de base

Premièrement, une carabine de tir à longue distance, que ce soit un calibre .22-250 Rem., .243 Win., .223 Rem., ou semblable, est de mise. Ensuite, il est important de s’exercer à effectuer des tirs à des distances de 200, 300 ou même 400 verges (370 mètres) si possible, en été comme en hiver. De mon côté, ma préférence va au .243 Win., un calibre polyvalent qui est aussi légal pour chasser le gros gibier mais qui performe très bien au coyote. Mon choix de projectile de 75 grains et mon télescope ajusté à 200 verges me permettent des tirs entre 0 et 300 verges sans avoir à compenser la chute de trajectoire par réglages compensatoires du réticule, sachant que le point d’impact de mon projectile demeurera dans la cible à l’intérieur de ces distances.

Pour assurer la stabilité des tirs, vous pouvez installer un bipied de support sous le fût de votre carabine ou utiliser un bâton de tir comme accessoire pour effectuer un tir plus précis, surtout lors de situations de chasse dépassant les 200 verges.

Les vêtements seront variés selon la saison (voir aparté en page 60), idéalement en blanc ou en motif camouflage, mais l’important est de se fondre dans l’environnement. Pour ce faire, il existe des pardessus blancs à moindre coût pour l’hiver. Concernant les appeaux, il en existe des modèles électroniques avec plusieurs vocalises de disponibles, ou des appeaux à bouche qui sont quelquefois fabriqués par des artisans ici même au Québec. Il faut aussi un bon télémètre pour pouvoir vérifier précisément les distances ainsi que des jumelles d’approche. Avec cela, vous avez l’essentiel pour faire votre chasse.

Préparatifs et techniques

Maintenant, comment déterminer et préciser la présence des coyotes ?… En premier lieu, faites le tour des fermes qui présentent de grands champs, incluant les fermes d’élevage qui sont des attraits naturels pour les coyotes. Parfois même, il y a des animaux morts près des bâtiments et avant que le propriétaire en dispose adéquatement, cela demeure un appât de choix pour ces canidés. Sur les bords de champs, tentez de localiser des pistes, ce qui demeure le meilleur indice de leur présence. Je rappelle ici, bien sûr, de toujours demander la permission aux propriétaires avant de pénétrer sur leurs terres.

À ce moment, deux choix s’offrent à vous. Vous pouvez chasser à l’aide d’appeaux, ou vous pouvez chasser sur des sites appâtés que vous aurez préparés en apportant des carcasses d’animaux. Chasser sur un site appâté est souvent la manière la plus facile d’observer les prédateurs, surtout si vous avez installé des caméras de détection qui vous permettent d’en apprendre davantage sur les heures de leurs visites.

De mon côté, je préfère la chasse à l’appel. Être en mesure de pouvoir faire sortir ce canidé avec des appels de lièvre en détresse, ou avec des imitations de vocalises de coyotes, fait surgir l’adrénaline en vous quand vous voyez apparaître la cible qui sort du bois. Bien souvent, il le fait en pleine course en réagissant à vos appels. Et finalement, si vous arrivez à le placer en mire dans votre lunette de visée pour faire feu, la sensation est indescriptible.

Il y a aussi les petits appelants mécanisés de lièvre ou petites souris qui bougent tout seuls, mimant un animal blessé. Pour ma part, je les utilise seulement dans un milieu ouvert de moins de 600 pieds de longueur, pour ne pas avoir l’attention du coyote sur moi mais sur le petit appelant mécanique. Je préfère placer celui-ci à environ 100 pieds à l’écart, de façon à inciter le coyote à diriger son attention sur le dispositif mécanique, au lieu de venir directement vers moi et risquer qu’il me localise. On peut faire sensiblement la même chose avec un appeau électronique en plaçant celui-ci à une distance de 100 à 150 pieds de notre position, afin que la provenance du son des appels se trouve loin du chasseur.

Il n’est pas toujours évident de déterminer la meilleure façon d’entrer sur le site de chasse, mais assurez-vous de ne jamais y pénétrer avec le vent dans le dos. À la rigueur, il vaut mieux attendre jusqu’à une semaine ou deux avant d’y accéder en ayant le vent en votre faveur. Il m’arrive souvent de laisser passer des opportunités de chasse à cause du vent qui souffle dans la mauvaise direction sur des champs que j’avais prévu chasser. La patience ici est recommandée pour éviter de « brûler » un site de chasse. Faites toujours un petit tour d’horizon avec vos jumelles avant d’entrer dans le champ pour être sûr qu’il n’y a pas de coyotes présents ou en patrouille, surtout si vos sorties s’effectuent plutôt le matin et que vous entrez à mi-clarté.

Rendu à votre lieu de chasse, tentez de vous confondre le plus possible avec le décor et l’environnement. Le coyote a une bonne vue et tout ce qui est anormal risque d’être rapidement détecté. Ne soyez pas assis ou accroupi à découvert avec aucune végétation ou structure derrière vous. Vous pouvez même installer des branches ou des herbes pour vous camoufler et ainsi vous intégrer le plus possible au décor.

Également, prenez le temps de prendre des mesures préalables avec votre télémètre, comme sur le fond du champ, sur un arbre dominant ou un amoncellement de roches, bref tout ce qui peut vous aider pour effectuer un tir plus rapide et précis lors de l’approche d’un coyote. Si vous avez la chance d’avoir un compagnon ou une compagne de chasse, celui ou celle-ci peut donner des mesures de distances précises lors de l’approche de l’animal. Si vous avez besoin de scruter par exemple le fond du champ ou un autre endroit, utilisez toujours vos jumelles au lieu de votre télescope, ce qui permettra de beaucoup moins bouger et donc d’amoindrir les risques de vous faire repérer.

Soyez toujours prêt ! Lors de votre arrivée jusqu’à la fin de votre chasse, votre carabine devrait toujours être près de votre épaule, ou même directement appuyée sur un support (bipied ou bâton de tir) pour pouvoir effectuer un tir rapide. Il m’est arrivé en quelques occasions de me tourner la tête et d’apercevoir un coyote me regarder, debout dans le champ, sans même que je l’aie détecté pendant mon attente. Avec ma carabine prête à faire feu, le fût reposant solidement sur son bipied, quand une situation se présente, il ne me reste plus qu’à mettre la crosse à l’épaule, sans trop bouger, et je suis fin prêt à faire feu.

Que ce soit pour l’aspect sportif ou dans un but de contrôle de prédation, les adeptes de cette chasse considèrent que le coyote représente un des prédateurs les plus rusés.

Les appels et les bons moments

Pour les appels de coyotes ou de lièvres en détresse, plusieurs chasseurs se demandent lesquels choisir et dans quelles circonstances. En début de saison, les vocalises d’un lièvre en détresse seront probablement celles qui vous apporteront le plus de résultats, probablement, dis-je bien, car il y a toujours des exceptions. Ce qui veut dire que des appels de coyote (howls) à ce moment pourraient tout aussi bien fonctionner, mais cela dépend de chaque situation…

Il y a aussi les appels de jappements de coyotes entremêlés de hurlements, appelés en langage de chasse challenge barks. Vous pouvez reproduire les mêmes sons pour provoquer un éventuel canidé en maraude jusqu’à ce qu’il s’expose dans le champ afin de l’avoir en joue dans votre lunette de tir. Il peut y avoir aussi d’autres situations où l’appel traditionnel peut vous aider en début de saison. Lorsqu’on parle du début de saison, selon moi, c’est la période à partir de l’ouverture (généralement au cours du mois d’octobre*) jusqu’à la fin décembre. Personnellement, ma chasse commence vraiment après la chasse au chevreuil, soit vers la fin novembre, pour être en mesure de ne pas déranger les chasseurs de cervidés.

De janvier à la mi-février, c’est la période des amours chez les coyotes. C’est à ce moment qu’il est approprié d’utiliser les véritables appels de coyote. Encore une fois, cela ne veut pas dire que les hurlements stridents d’un lièvre en détresse ne fonctionneront pas, car dites-vous bien que, même en saison des amours, le coyote a besoin de manger. Des appels de femelles peuvent aussi vous servir, et vous pourriez ainsi intercepter les mâles qui seraient à la recherche d’une partenaire. Soyez patient et attendez au moins une heure après votre série d’appels avant de changer de place, car le coyote peut sortir à tout moment et prend souvent plus de temps à s’exposer et à être vu que lors des vocalises de lièvres. C’est d’ailleurs durant cette saison des amours que vous risquez d’en voir plus qu’un ensemble.

Séquence d’appels

En début de saison, utilisez vos appeaux pendant une minute et attendez 4 à 5 minutes avant de recommencer, et ce, pendant une période d’environ 45 minutes. Si rien ne se produit, changez de place. Le coyote parcourt plusieurs kilomètres de territoire, d’où l’avantage d’avoir accès à plusieurs endroits de chasse et des permissions pour y accéder. Il est important de ne pas surutiliser vos sites de chasse en y retournant trop souvent. Je chasse à certains endroits que je visite seulement deux fois dans la saison, et de mon côté, j’attends au moins trois semaines avant de retourner chasser dans le même champ. Petit truc, lorsque vous retournerez chasser après cette période à un endroit précédemment chassé, modifiez le son et la séquence de vos appels, tout en changeant votre place d’affût afin d’éviter que le coyote reconnaisse votre stratégie de chasse.

N’arrêtez pas un appel sur une mauvaise note, surtout lors des hurlements typiques des coyotes, il faut repartir aussitôt avec un autre appel. Ce qu’on veut éviter ici, c’est de laisser planer un doute. Prenez le temps aussi de tenir votre appeau dans votre main ou une place plus chaude pour éviter qu’il ne gèle lors de températures plus froides. Cela va vous éviter de faire des fausses notes si jamais l’anche de votre appeau restait figée. Après avoir fait une série d’appels, tournez votre appeau à l’envers et soufflez à l’intérieur pour enlever le surplus de salive qui pourrait y rester.

Après un tir sur un coyote, utilisez rapidement votre appeau en le tenant par le bout de la languette tout en faisant un mouvement de va-et-vient pour imiter la vocalise d’un coyote blessé (pup distress). Cette stratégie pourrait faire sortir un autre coyote qui suivait celui que vous avez tiré ; même si vous pensez qu’il n’y en a pas d’autres, vous pourriez être surpris du résultat. Faites ce son pendant 40 bonnes secondes, puis ne faites plus rien et attendez une bonne quinzaine de minutes. Ici, il est important d’être toujours en mode repérage, car un coyote peut surgir de n’importe où sans même l’avoir vu passer auparavant. Soyez vigilant, surtout si le champ est configuré avec des bosses et des vallons, il sera plus difficile de le voir arriver. Finalement, avant de partir de votre place, faites une tournée avec vos jumelles pour vous assurer qu’aucun coyote n’est en approche avant de ramasser votre matériel.

Législation particulière sur le port du dossard pour la chasse au coyote

Selon les zones, la saison de chasse au coyote, au loup et au renard débute généralement autour de la mi-octobre, de la troisième fin de semaine d’octobre ou même à la fin de la première semaine de novembre. Il est à noter qu’à ces périodes de début de saison, le port du dossard demeure obligatoire jusqu’à la fin de novembre, car celui-ci ne devient plus obligatoire pour cette chasse qu’à partir du 1er décembre, et ce jusqu’au 31 mars.

Conclusion

Prenez toujours en considération que le coyote a quand même sa raison d’être dans la nature et apporte certains bienfaits, dont celui de diminuer le nombre d’animaux faibles et malades du secteur. Le but de cette chasse n’est évidemment pas d’exterminer ces prédateurs, mais de contrôler la population de votre secteur afin d’avoir un écosystème équilibré et de pouvoir ainsi continuer cette chasse palpitante et enlevante sur plusieurs années.

Finalement, ce gibier allonge agréablement votre saison de chasse jusqu’à la fin mars. À vous d’en profiter !

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