Qualité de chasse ou chasse de qualité ?…
Félicitations chers chasseurs et lecteurs, car vous tenez entre vos mains une publication de qualité sur la chasse qui n’était auparavant que disponible en kiosque. Voulant en faire profiter le plus grand nombre d’adeptes possible, Sentier CHASSE-PÊCHE a décidé d’envoyer directement à vos domiciles cette édition spéciale de l’Annuel de Chasse en remplacement de votre magazine de septembre habituel. Nous espérons que vous allez apprécier ce changement.
La chasse n’est pas une activité banale qui passe inaperçue. Au contraire, en plus de générer des millions de dollars en retombées économiques, en plus de soulever de véritables passions, autant parmi les pro que les anti, elle soulève de vives discussions parmi les chasseurs eux-mêmes. La chasse est bien vivante et provoque des échanges et des rencontres animées.
Ce que je constate, cependant, c’est la difficulté que les chasseurs ont à se mettre d’accord sur la gestion du gibier dans notre province. Bien que cette gestion soit la responsabilité de notre ministère, il n’en demeure pas moins que le chasseur se voit de plus en plus impliqué dans celle-ci. Impliqué par les décisions qu’il doit prendre au moment de récolter un gibier en fonction du sexe, de la maturité, de l’abondance et de la densité du gibier dans son territoire de chasse.
De nos jours, avec la possibilité de communiquer facilement et d’échanger entre nous, il y a de plus en plus de conversations sur certains enjeux fauniques. L’abondance fluctuante de l’orignal dans certaines régions, la présence de la tique d’hiver, la prédation par les loups sont toutes des enjeux qui préoccupent le chasseur d’orignal moderne. Concernant le chevreuil, on nous dit que nous n’avons plus de qualité de chasse. Déséquilibre dans le ratio des sexes, présence de peu de mâles matures, baisse de la densité dans certaines régions, mais forte présence dans d’autres secteurs, nous assistons à une véritable levée de boucliers insistant sur une meilleure gestion du cheptel.
De nombreux experts de la chasse ont pris la balle au bond pour se faire du capital et engendrer plus de « likes » en tentant de nous convaincre d’adopter un comportement « responsable », tandis que des mouvements sociaux bien organisés tentent par tous les moyens de nous influencer sur la meilleure façon de gérer notre gibier. Pendant ce temps, personne n’a vraiment pris le temps de définir ce que pouvait être une véritable qualité de chasse, une phrase à la mode. Est-ce la possibilité d’abattre plus fréquemment un buck de rêve bien empanaché ? Est-ce la présence de plusieurs bêtes dans un territoire nous permettant de sélectionner adéquatement notre prise ? Est-ce la chance d’avoir observé plusieurs bêtes et de n’en avoir choisi aucune, préférant revenir bredouille que de s’abaisser à récolter un gibier ne rencontrant pas les standards de la communauté ?…
Bref ici, définir une qualité de chasse est difficile et peut être sujet à interprétation selon à qui l’on s’adresse. Il ne faudrait pas non plus confondre qualité de chasse avec chasse de qualité ! Celle-ci se définissant, selon moi, comme une belle expérience entre ami(e)s et conjoint(e)s, avec un gibier accroché dans la remise, peu importe son sexe et sa taille, et qui suscite des discussions animées et une camaraderie que seul ce moment peut apporter.
C’est pourquoi, face à ces nombreuses tendances, je préfère utiliser le concept « expérience de chasse », car quoi qu’il arrive, peu importe le gibier sélectionné et la décision de le récolter ou pas, nos objectifs de chasse sont personnels et « injugeables », démontrant que l’importance est d’aimer la chasse d’aujourd’hui, tout en se préparant à aimer celle de demain.