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L’auteur et sa fille lors d'une chasse tardive à la bernache.

Regard sur une bonne introduction

1 juillet 2023

Afin que la tradition de la chasse perdure dans le temps, il faut que le chemin parcouru par la relève soit bien encadré et complet.

Pendant une partie de ma carrière de guide qui a duré un certain nombre d’années, entre expéditions diverses pour mon travail de chroniqueur plein air, et aussi durant mes sorties de chasse régulières hors du contexte professionnel, dès que ma fille Léonie a pu me suivre, elle a fait « partie des bagages » comme on dit. À 7 mois à peine, je l’emmaillotais chaudement et je l’emmenais avec moi aux petites heures du matin prospecter pour la sauvagine. Le printemps suivant, à 14 mois, elle était à mes côtés en train de m’aider à appâter mes sites de chasse à l’ours avec l’enthousiasme qui la caractérise bien. À l’instar d’Obélix avec la célèbre potion magique, en ce qui concerne la chasse, on peut donc affirmer qu’elle est tombée dedans quand elle était petite.

Oui, bien sûr, elle aurait très bien pu ne pas avoir d’intérêt pour l’activité cynégétique, mais j’ai été chanceux, et en suivant toute jeune un père qui pratique la chasse, le tir, l’entraînement de chiens rapporteurs et qui teste des produits reliés à ces activités à longueur d’année, il aurait été difficile d’y échapper et son engouement n’a jamais diminué. Elle a toujours eu une passion pour les armes à feu, de même que pour l’observation et l’étude des animaux sauvages, comme pour tout ce qui s’y rattache.

C’est ainsi qu’après avoir grandi dans cet univers parsemé de vêtements de camouflage, de fusils, de couteaux, de viande sauvage, de cartouches diverses, et après avoir réussi avec brio les formations inhérentes au maniement des armes à feu, puis obtenu d’autres certifications, ce fut un jour son tour de récolter du gibier à mon grand plaisir. Depuis, elle est présente à mes côtés le plus souvent possible, qu’il s’agisse d’une sortie tardive à la bernache, d’une matinée de printemps à tenter de déjouer un méfiant dindon, d’une séance d’affût à attendre un ours dans les nuées de mouches noires ou un cerf de Virginie sous la brise d’octobre. Le plaisir de la voir évoluer et d’être ensemble à chasser n’a pas de prix.

Pour bien des citadins déconnectés de la nature, ou simplement ignorants de ces coutumes, il peut cependant sembler aberrant ou irrationnel d’encourager un enfant dans semblable mentorat de nos jours. Qui plus est, nombre de gens supposément bien-pensants croient qu’abattre un animal dans un contexte de chasse est cruel, alors que paradoxalement, une majorité de ceux-ci consomment de la viande et ne se soucient guère du triste sort réservé aux animaux de boucherie qui, eux, n’ont pas la chance ni le loisir d’échapper à leur destinée, contrairement aux animaux sauvages.

Pourtant, avec un encadrement de qualité, les jeunes qui évoluent dans le monde de la chasse vont non seulement acquérir de belles valeurs, mais deviennent en plus d’ardents protecteurs de la faune et de la nature, tout en faisant perdurer une tradition ancestrale qui les ramène dans une perspective authentique, loin des tracas de la vie quotidienne. La récolte devient alors secondaire, bien que le fait de ramener de la viande de qualité et de belles histoires à raconter fasse partie de l’équation quand la chance est au rendez-vous. Le rôle d’un mentor est d’amener un jeune à protéger la ressource, à aimer chasser, et non de simplement vouloir tuer et/ou de prioriser la récolte à tout prix.

Réflexions et choc des générations 

Contrairement à ce qu’en pensent ses détracteurs qui la croient néfaste à divers niveaux, la chasse récréative peut réellement aider à connecter les enfants avec la nature et ses habitants, tout en développant d’emblée une éthique de conservation. La chasse est également un excellent moment de liaison avec le plein air, elle encourage la forme physique et la santé tout en permettant de développer des compétences de vie telles que la discipline et la maîtrise de soi, l’écoute, le respect, la responsabilité, la valeur du travail d'équipe, l'esprit sportif et la protection de l’environnement. 

Dans une société contemporaine qui s’éloigne de plus en plus des belles valeurs proches de la terre, tout en proposant ad lib aux jeunes une multitude de distractions virtuelles pas nécessairement saines pour leur développement psychologique et leur intellect, en tant que société supposément évoluée, sans aucun préjugé ici, il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur ce que l’on considère comme bénéfique pour les jeunes. 

Avec ce monde moderne sans cesse en changements à vitesse grand V, pas étonnant de constater autant de cas de problèmes de concentration, d’anxiété et d’attention, en classe ou ailleurs. Les jeunes n’ont désormais plus le temps de prendre le temps pour rien. Et le mal du siècle : l’usage abusif des écrans et des jeux vidéo, duquel émanent de nombreuses études sérieuses prouvant hors de tout doute que leur consommation à l’excès nuit énormément à la concentration, entre autres. En plus de contribuer à rendre ses utilisateurs sédentaires à outrance, sans parler d’autres aspects abrutissants qui ne sont guère plus reluisants. Ramener les jeunes vers la nature sous la forme d’une activité grandement stimulante, ne serait-il pas plus profitable ?… 

Or justement sur un autre tableau, un contact privilégié et régulier avec le monde sauvage contribue au contraire grandement à faire épanouir les jeunes, et dans cette ligne de pensée, il y a tellement de points positifs qui peuvent provenir d'enfants qui grandissent en tant que chasseurs responsables et ardents défenseurs de l'environnement. Et bien que n'importe qui puisse pratiquer le sport à tout moment, lancer un jeune chasseur sur la bonne voie signifie, à long terme, bien plus que de récolter un animal en soi par exemple. 

Certes, il est important d’apprendre à une portion de la future génération à chasser et à tirer, mais peut-être que la chose la plus importante que nous puissions enseigner à nos enfants est la conservation. Redonner à la terre et s'impliquer activement dans des organisations qui font une différence pour aider la faune et la chasse en général à survivre. Dans cet ordre d’idées, la relève est donc essentielle à la pérennité de cette belle tradition. 

Il n’y a pas vraiment d’âge idéal pour s’intéresser à la chasse mais cependant, pour les parents ou futurs parents en devenir qui s’interrogent sur la chose ou sur une ligne directrice à suivre, je dirais qu’il n’est jamais trop tôt pour initier vos jeunes, ni trop tard. Mais à la base, avant de penser devenir chasseur, nonobstant l’âge, un prérequis essentiel pour le futur candidat est de d’abord devenir amateur de plein air et observateur avisé. Développer un intérêt pour les mœurs des animaux sauvages est impératif avant de penser s’avancer davantage sur le sujet et je suis d’avis qu’un futur amateur d’oiseaux migrateurs par exemple devrait a priori acquérir une bonne base en ornithologie, bien avant de se retrouver sur le terrain dans l’action avec une arme à feu. À la chasse, il y a souvent plus d’observation passive que d’occasions actives et pour repérer les opportunités, il faut savoir observer et aussi écouter. 

Jadis principalement considérée comme une activité d’homme, la chasse attire de nos jours de plus en plus la gent féminine et l’implication de celle-ci dans le domaine ne cesse de prendre de l’ampleur. Il y a un peu plus de 10 ans, alors que je réalisais une étude de marché dans le cadre d’un projet concept personnel d’émission Web, la présence féminine constituait déjà 24 % du marché nord-américain. En 2023, la part féminine tourne aujourd’hui autour d’environ 30 % et des poussières, ce qui prouve hors de tout doute l’apport important des femmes dans la relève. 

Alors qu’à une époque, les dames et les filles devaient se contenter de porter des vêtements masculins pour s’adonner à cette activité, devant cet engouement féminin en constante augmentation, depuis un certain nombre d’années, plusieurs compagnies avisées ont vite réalisé que cette clientèle méritait plus de considération. Ainsi, on retrouve de plus en plus de produits de qualité adaptés à celles-ci, sans mentionner tous les autres accessoires leur étant destinés, jusqu’aux armes à feu de conceptions spécifiques.

Un bon départ 

Pour que les premières expériences soient captivantes, il est important de mettre l'accent sur le positif et le plaisir. Ne prévoyez pas une chasse toute la journée, surtout pour les plus jeunes. Beaucoup d'enfants n'ont tout simplement pas la patience pour cela, et une sortie étalée sur de longues heures où il y a peu d'action devient rapidement fastidieuse, qu’ils soient jeunes ou même adolescents. Lorsque vous remarquez que votre élève perd de l'intérêt, arrêtez-vous, car il est capital de respecter l’endurance de chacun selon ses capacités. 

Outre leur rôle important d’observateurs, les apprentis doivent aussi pouvoir mettre leur grain de sel et les faire participer est essentiel. Les périodes de préparatifs avant la chasse sont des occasions parfaites pour les impliquer, comme mettre des végétaux sur la cache et aider à installer les appelants durant une sortie à la sauvagine, ou encore disperser des produits odoriférants durant une séance d’appâtage à l’ours par exemple. Évidemment, chaque action doit être accompagnée d’explications tout en gratifiant le geste. Pensez également à apporter une collation, un breuvage chaud selon la saison et quelques articles de rechange comme des bas supplémentaires. 

Au terme d’une sortie fructueuse, il faut ensuite bifurquer vers un rite de passage obligé qui est l’éviscération des prises. Encore ici, l’implication est fortement souhaitable et il ne faut pas hésiter à laisser le jeune chasseur essayer tout en lui prodiguant conseils d’usage et recommandations. Quelques paires de gants en latex de taille réduite ne prennent pas beaucoup de place dans une poche de veste ou dans un havresac.

Une relève bien préparée

À l’époque où j’ai commencé, le choix des vêtements de chasse était déjà restreint dans son ensemble et penser habiller un jeune convenablement se résumait souvent à lui faire porter ceux usagés d’un parent, au terme de quelques ajustements, ou à devoir aller faire une visite au surplus d’armée le plus proche. De nos jours, bien que le marché dans cette gamme de produits soit quand même encore assez restreint, au moins certaines compagnies proposent de belle façon des vêtements de qualité spécifiquement conçus pour les chasseurs en herbe. 

Plus près de chez nous, du côté des fabricants du Québec, les options sont malheureusement rares ou simplement inexistantes, mais du côté de l’Ouest canadien et aux États-Unis, on trouve un éventail d’articles digne de mention, notamment entre autres chez Cabela’s et Bass Pro Shop, par exemple. Pour profiter au maximum de ses expériences et des sorties diverses au gré du climat, l’apprenti doit absolument être habillé adéquatement selon la saison et la température, au risque de le décourager dans le cas contraire. Jeune ou moins jeune, rien de pire que de porter des vêtements inconfortables, de geler durant l’attente, parfois aussi d’avoir trop chaud, ou encore d’être complètement détrempé après une averse. 

Et bien entendu, quand on parle d’habillement, ceci inclut des chaussures appropriées à la situation et aux éléments du moment, car un mauvais choix de ce côté peut également ruiner une aventure… Un bémol ici : les enfants grandissent malheureusement vite et cela nécessite parfois de devoir faire des compromis pour la taille de certains articles. 

Du côté des armes

Évidemment, un jour vient le moment de choisir une première arme et la taille de son utilisateur entre aussi en ligne de compte. Il existe une panoplie relativement vaste de ce côté sur les tablettes des marchands, et la plupart des fabricants proposent en général quelques modèles compacts dans leurs collections respectives. Bien entendu, lorsqu’on parle d’une première carabine, par exemple, il va sans dire qu’il serait aberrant d’acheter à un novice un calibre .300 Winchester Magnum pour débuter et, évidemment, le juste milieu existe. 

Le recul est un facteur important à considérer car il peut décourager certains de tirer, en plus de faire développer de mauvaises habitudes au moment fatidique, qui sont par la suite très difficiles à corriger. Pour de la constance et de la précision, il est essentiel de ne pas avoir peur de son arme! D’emblée, le meilleur outil pour la pratique de la carabine et encourager une bonne technique est le petit calibre .22 LR. Son faible recul n’incommode personne et le coût de ses munitions rend l’exercice beaucoup moins difficile à long terme pour le portefeuille. 

Enfin, toujours dans l’optique de choisir parmi les modèles de format réduit, on peut habituellement trouver l’arme idéale sous diverses configurations dans les calibres comme .308 Win., 7mm-08 Rem. et 6.5 Creedmoor, qui génèrent tous un recul modéré et qui sont relativement polyvalents lorsque combinés à un choix de balle approprié, selon le gibier convoité. On pourrait peut-être aussi ajouter à la liste le .243 Win., qui représente également une bonne possibilité pour la poursuite du cerf de Virginie, et à la limite et en conditions idéales, de l’ours noir avec une ogive de construction solide de surcroît pour ce dernier gibier. 

Dans le cas du fusil, le recul étant aussi un élément à évaluer, et bien que certains puissent être relativement à l’aise avec un 12, j’estime qu’on peut difficilement trouver meilleure option polyvalente que le 20 pour un jeune. Ce dernier pourra suivre le chasseur tout au long de sa vie et le marché propose de nombreux modèles pour tous les goûts et toutes les bourses, sans oublier l’éventail de munitions suffisamment vaste pour qu’il soit considéré, autant pour le petit gibier que pour le dindon et la sauvagine, et même jusqu’au chevreuil et l’ours, selon l’option choisie. Ici, l’achat d’un exemplaire combiné qui est fourni avec un canon à âme rayé et un canon à âme lisse prend tout son sens, pour encore plus de possibilités à moindre coût. 

Bien sûr, on pourrait mentionner le 28, mais le choix de munitions pour celui-ci est restreint et les modèles abordables dans le commerce se font rares, sans mentionner son manque de polyvalence. Quant au .410, sauf pour un usage orienté exclusivement vers le petit gibier dans l’arrière-pays, ses possibilités sont tout aussi limitées que celles du 28, et bien que l’introduction des nouvelles munitions de TSS ait créé un engouement à son égard depuis quelques années, notamment pour la poursuite du dindon chez nos voisin du Sud, son usage est interdit chez nous pour la poursuite du gros gallinacé, ce qui ne milite pas vraiment en sa faveur pour le rendre vraiment attrayant à grande échelle ici.

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